TOUT EST DIT

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mercredi 27 juillet 2011

Le populisme : à manier avec précaution

Bien qu'Anders Breivik soit le seul responsable des atrocités qu’il a commises en Norvège, c'est dans un terreau populiste qu'il a puisé ses d’idées délirantes. Cela en dit long sur l’état d’esprit de l’Europe, affirme un historien néerlandais. 

Après les attentats abominables d’Anders Breivik en Norvège, les discussions sur le rapport entre le tueur et les cercles idéologiques auxquels on peut le rattacher s’enflamment. En effet, lors d’attentats précédents, comme le meurtre de Theo van Gogh [réalisateur néerlandais controversé assassiné en 2004 par un extrémiste de l’islam], certains n’avaient-ils pas demandé des comptes aux coreligionnaires des auteurs ? Si les musulmans étaient alors tenus pour responsables, pouvons-nous traiter de la même façon les autres porteurs de l’idéologie de la nouvelle droite à laquelle adhérait Breivik ?
Il y aura peu de gens pour partager ou légitimer la manière dont Breivik justifie son massacre. Lui seul en est responsable. Et on ne peut donc demander des comptes qu’aux personnes qui justifient ou expliquent ses atrocités d’un point de vue idéologique et qui partagent donc l’ensemble de ses idées. Comme on ne pouvait porter un jugement que sur les personnes qui partageaient l’idéologie violente de Mohammed Bouyeri, l’assassin de Theo van Gogh. Mais il n’y a pas que cela.
La justification de la violence de Breivik provient d’une image de la réalité selon laquelle l’Europe est menacée par les politiques multiculturelles et l’islam. Son pamphlet de 1 500 pages "2083, A European Declaration of Independence" est remplie de théories connues des milieux de la nouvelle droite, représentée aux Pays-Bas par le PVV. Il s’agit surtout d’une vision déformée du monde où l’Europe serait menacée par l’islam. Breivik cite Geert Wilders [leader du parti populiste PVV] qui prétendait que les Marocains allaient coloniser les Pays-Bas et ne venaient pas pour s’intégrer mais pour assujettir les Néerlandais.
On rencontre également chez certains membres du PVV les théories sur le danger du "marxisme culturel". Il s’agit d’une image déformée de la réalité qui n’a rien à avoir avec la réalité sociale. C’est la vision du monde dont Breivik a tiré ses conclusions violentes. Il en est lui-même responsable. Mais qu’il ait pu rassembler autant d’idées délirantes en dit long sur l’état d’esprit de l’Europe, et en particulier des Pays-Bas où un mouvement avec de telles idées est associé au gouvernement par un accord de soutien [au Parlement].
La violence de Breivik était son acte. Lui seul en est responsable. Mais Breivik partage sa vision du monde mensongère et délirante avec d’autres. C’est là-dessus qu’il faut maintenant demander des compter à tous les adeptes. Il n’est pas si innocent de diffuser des mensonges, de créer des spectres trompeurs. Celui qui déforme la réalité ne doit pas être pris au sérieux comme l’une des nombreuses voix dans le débat sociétal. Il convient de le traiter avec rigueur. On peut lui demander d’arrêter de duper les gens. Cela vaut pour les populistes néerlandais qui propagent l’idéologie de la nouvelle droite. La récréation est finie. C’est l’heure de la vérité.


Contrepoint

Attention à l'exploitation politique

"Trop de politique nuit à la politique", prévient Maroun Labaki dans Le Soir. L'éditorialiste rappelle que pour le Premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, la tuerie norvégienne "requiert une réponse européenne, une réponse commune pour défendre la démocratie" et qu'un porte-parole du Parti socialiste français a fustigé "l'idéologie du choc des civilisations et de l'incompatibilité des cultures""la haine et au terrorisme." qui mène à
"Le débat politique est une valeur en soi. L'exploitation politique ou politicienne, en revanche, ne grandit guère ceux qui s'y adonnent", affirme l'éditorialiste, qui rappelle que l'événement est le fait "d'un seul homme. Ce n’est pas une milice fasciste qui a débarqué au pas de l’oie sur l’île d’Utoeya."  "Loin de nous l’idée de banaliser l’extrême droite et la droite populiste. Elles sont dangereuses pour la démocratie, et la seconde plus qu’on ne le croit, avec son simplisme qui contamine la droite traditionnelle et le débat public", ajoute le journaliste, mais "il faut raison garder".

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