TOUT EST DIT

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mercredi 27 juillet 2011

Présidentielle : les candidats et ceux qui aspirent encore à le devenir (ou le redevenir)

Parmi les candidats et candidates déjà en piste il y a bien sûr Marine Le Pen. La nouvelle présidente du Front national (depuis huit mois) confirmera-t-elle dans les urnes la percée que lui accordent les sondages ? Ces derniers la situant dans le trio de tête, avec les représentants de l’UMP et du PS. Deux sondages réalisés en mars pour Le Parisien la qualifiaient pour le second tour. Depuis, l’obsession d’un 21 avril 2002 à l’envers hante les nuits de l’Elysée. La candidate de la droite nationale dispose en tout cas de plusieurs atouts. Des dégâts de l’Euro à ceux de la crise financière, de l’immigration galopante à l’insécurité croissante, de l’expansion musulmane à celle du chômage, de l’érosion du pouvoir d’achat à la flambée de l’immobilier, de la « démondialisation » à la demande de frontières et de protectionnisme, de la suppression de la bi-nationalité au rétablissement de la peine de mort, Marine Le Pen sera dynamisée par la colère de tout un peuple à l’égard de ses élites dirigeantes qui l’ont trompé depuis si longtemps. Autre atout : elle disposera aussi, dans la compétition élyséenne, d’un coach hors pair en la personne de Jean-Marie Le Pen.

Jean-Luc Mélenchon est lui aussi en selle pour 2012. Adoubé par le Parti communiste qui, après être tombé en dessous de 2 % avec la candidature de Marie-George Buffet en 2007, a préféré ne pas risquer pour l’année prochaine une nouvelle contre-performance peut-être encore plus humiliante, le fondateur et co-président du Parti de gauche bénéficie de surcroit d’un manque de concurrence sérieuse à l’extrême gauche. Les candidats vedettes de Lutte ouvrière et du NPA seront absents. Arlette Laguiller, déjà retraitée de la banque depuis de nombreuses années, se met également en retraite de la chose publique et passe le relais à une Nathalie Arthaud beaucoup moins connue. Au NPA la défection d’Olivier Besancenot laisse la place à un certain Philippe Poutou, connu jusqu’à présent par les seuls militants de son parti groupusculaire. Et encore, pas de tous. L’horizon électoral est donc relativement dégagé pour Jean-Luc Mélenchon, qui pourrait toutefois souffrir d’un autre handicap : celui de son passé politique d’ex-sénateur socialiste, et surtout d’ancien militant trotskiste (tendance lambertiste). Un passé qui passe mal chez certains électeurs communistes. Alain Sanders a déjà soulevé le lièvre dans Présent. Oui, mais, peut-on objecter, le ressentiment anti-trotskiste concerne surtout les sexagénaires et plus. Certes ! Mais les sexa et plus représentent justement l’essentiel de l’électorat communiste ou ce qui en reste. Le militant du PCF est aujourd’hui multicarte : dans sa poche, la carte du parti va de pair avec la carte vermeille.

Eva Joly est elle aussi officiellement sur la ligne de départ. Ecologiste de la onzième heure, elle a néanmoins séduit les Verts par la dureté de ses réquisitoires à la Fouquier-Tinville contre les ci-devant de la droite sarkozyste. La franco-norvégienne a joliment flingué Nicolas Hulot, chou-chou des sondages, des médias et des Bobo. Elle a même fait décerner à ce dernier l’oscar du c… de l’année, un trophée que l’animateur d’Ushuaia ne pensait sans doute jamais décrocher, tant la concurrence y est grande. Hulot en a paraît-il gros sur la patate (bio à 100 %). Il méditerait même un pamphlet vengeur contre ceux qui, selon lui, ont fait de l’écologie une secte. Bien que Cécile Duflot s’emploie à calmer sa rancœur, il serait étonnant que le chantre (blackboulé) de l’écologie télévisée s’implique beaucoup dans la campagne d’Eva Joly. Il pourrait même tout à l’inverse s’appliquer à lui glisser quelques peaux de banane bien verte…

L’espace centriste trop convoité ?

Le centre est-il à la recherche d’un candidat ou au contraire est-ce le trop plein ? Bien sûr François Bayrou prétend toujours détenir la légitimité de cette mouvance. Il espère même pouvoir dépasser les 18,6 % de suffrages qu’il avait obtenus lors du premier tour en 2007, et se qualifier enfin pour le second tour. Mais aujourd’hui, sur cet espace politique élastique, dont le potentiel électoral se situe entre 6 et 19 %, le Béarnais se trouve concurrencé par Jean-Louis Borloo et son Alliance républicaine, écologiste et sociale (ARES). Borloo, que d’aucuns disent très déterminé, « il a deux primaires à disputer, d’abord contre François Bayrou et ensuite contre Nicolas Sarkozy » et que d’autres, au contraire, trouvent encore très indécis. Certes : la cote de popularité de Jean-Louis Borloo est élevée. Comme l’était et le demeure celle de Nicolas Hulot. Problème : la popularité a souvent tendance à se dissoudre dans les urnes. Et si justement l’ancien ministre de l’Ecologie Borloo, et Nicolas Hulot, dit le commandant couche-tôt, se retrouvaient, comme ils l’avaient un temps projeté, pour faire équipe ? Ce serait sans doute le plus mauvais coup porté à Eva Joly, et, dans une moindre mesure, à François Bayrou. Autre intrus guignant les voix du centre : Dominique de Villepin. Mais les ambitions présidentielles n’inquiètent plus guère l’Elysée où l’on se contente de ricaner : « Il manque à Villepin le nerf de la guerre. » Les sponsors en effet ne se bousculent pas pour investir sur ce cheval de retour dont la caractéristique est, après plus de trente ans de carrière politique, de n’avoir jamais participé à une élection. Comme disait Voltaire : « L’argent sans le talent c’est une bêtise. Mais le talent sans argent, c’est une misère. » Et en tant que candidat Dominique de Villepin est à classer parmi les grands fauchés…

PS : en attendant la primaire…

Au PS, c’est le dénouement de la primaire d’octobre qui désignera le candidat à l’élection présidentielle. Hollande ou Aubry ? Sans oublier Ségolène Royal qui ne renonce pas et essaie maintenant de ratisser de l’extrême gauche à la droite gaulliste en passant par tous les centres. (voir Présent de mardi). Retraite à 60 ans, 35 heures, emplois jeunes, mondialisation, insécurité, sortie du nucléaire… Autant de thèmes sur lesquels les candidats à la primaire vont essayer de se démarquer les uns des autres. Au risque que leurs différences se transforment en divergences et ces dernières en empoignades. Selon l’appréciation inquiète d’un dirigeant socialiste : « La primaire peut nous apporter le meilleur. Mais aussi le pire. Cela dépendra du nombre des participants. » Et de la virulence des débats et de leurs séquelles…

Sarkozy va-t-il déclarer forfait ?

Et puis il y a le candidat de l’UMP. Nicolas Sarkozy va-t-il postuler à sa réélection ou pas ? La plupart des observateurs n’en doutent pas. Mais Jean-Marie Le Pen pense que non. Et il ne faut jamais sous-estimer le flair politique de l’ancien président du Front national. Dès 2005, il avait été le seul à prévoir l’irruption de Ségolène Royal dans la compétition présidentielle, sous l’incrédulité générale. Si son rejet dans l’opinion continue, il se peut que le président de la République décide de passer la main, plutôt que de s’exposer à une défaite trop humiliante. Et puis, Nicolas Sarkozy ne risque-t-il pas de voir sa campagne pour 2012 « sabotée » (dans le sens d’un manque d’enthousiasme et d’initiatives) par son propre entourage ? Ceux qui misent sur Jean-François Copé ou François Fillon en vue de 2017 n’ont aucun intérêt à un second mandat de l’actuel chef de l’Etat. Au contraire. Mieux vaut pour eux se refaire une santé dans l’opposition et affronter dans cinq ans une gauche au pouvoir, mais qui en sortira en capilotade…

Toutefois, pour l’instant, Nicolas Sarkozy semble croire encore à une possible chance de victoire. Dans les derniers sondages, il enregistre quelques oscillations vers la remontée. Et puis il spécule sur le fait qu’à gauche l’affaire DSK, finira, à terme, par nuire au PS. Et que, dans le camp opposé, l’abominable tuerie d’Oslo va handicaper la droite nationale. Surtout si les médias de gauche ou à la solde du pouvoir s’emploient, comme ils le font actuellement de toute leur force de frappe, à entretenir l’amalgame. « Hitler a déshonoré l’antisémitisme » estimait Georges Bernanos. Nos adversaires vont essayer de convaincre l’opinion, et en premier lieu les éventuels électeurs de la droite nationale, que les thèmes de cette dernière ont été déconsidérés de la même façon par le dément Anders Behring Breivik… Et dans ce genre de récupération malhonnête et diffamatoire, Sarkozy et les siens, aussi bien que les ténors de la gauche, sont des experts.

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