Pourquoi les dirigeants de l’eurozone se réunissent-ils le 21 juillet ? 
La dernière tranche du plan de 110 milliards d’euros accordé par l’UE à la Grèce a été débloquée au début du mois. Mais les besoins de financement du pays, endetté à hauteur de 345 milliards d’euros, nécessitent un nouveau soutien dès 2013 avoisinant 115 milliards d’euros. De son côté, le FMI a déjà prévenu qu'il n'attendait pas de retour de la Grèce sur les marchés avant 2014.
Conséquence de l’indécision caractéristique des dirigeants européens sur ce dossier, la rencontre intervient tardivement. Le 11 juillet, les ministres des Finances de l’Eurogroupe n’ont pas été capables de s’accorder, repoussant ainsi l’échéance au 15 juillet, où un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’eurozone devait être convoqué. Une initiative abandonnée sous la pression de l’Allemagne, qui réclamait les bases d’un accord avant de rencontrer ses partenaires européens. Un report d’une semaine a donc été concédé. A la veille de la réunion, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont convenu d'une discussion en bilatéral pour tenter d'accorder leurs violons. Preuve que le sentiment d'urgence gagne du terrain.
Quelles sont les solutions sur la table ? 
Trois scénarios visant à associer les créanciers privés coexistent.
  • Le plus récent repose sur l’instauration d’une taxe appliquée aux établissements bancaires, qu’ils soient ou non bailleurs de la Grèce. Les sommes prélevées pourraient atteindre 30 milliards sur trois ans selon des estimations rapportées par l’AFP. Cette voie d’action présente l’avantage de ne pas déclencher d’événement de crédit, donc de dégradation de la note grecque qui conduirait de fait à un défaut. Mais elle déplaît aux banques, surtout si la taxe épargne les fonds d’investissement ou encore les assureurs qui détiennent pourtant des titres souverains grecs. Les créanciers privés ont proposé d’autres scénarios aux dirigeants européens, via l'Institut de la finance internationale. Mais ils n'ont pas été dévoilés en détail.
      
  • Une deuxième piste, longtemps ressassée, reposerait sur la méthode du «roll over». Les détenteurs d’obligations renouvellent automatiquement leurs emprunts à la Grèce une fois qu’ils arrivent à échéance, en contrepartie d’une baisse du taux d’intérêt. Une initiative qui entraînerait un « défaut sélectif » de la Grèce, admet un document de travail que Reuters s’est procuré.
      
  • Une troisième proposition repose sur le rachat de dette grecque auquel serait assorti un « rehaussement » de crédit, qui permettrait à la Grèce d’emprunter moins cher grâce aux garanties apportées par des organismes financiers. Mais ce scénario pourrait entraîner un « défaut complet » selon le document. 
Facteur de blocage permanent, la participation des investisseurs privés est devenue le cheval de bataille de l'Allemagne, soucieuse de montrer à ses citoyens qu'ils ne sont pas les vaches à lait des pays surendettés. Appuyée par les Pays-Bas et de la Finlande, elle fait face à la fronde constante de la BCE, farouchement opposée à tout risque de défaut, même « sélectif ». La France avait quant à elle tenté d'avancer une proposition de compromis, basée sur une contribution "volontaire" des créanciers. Mais ce plan ne suffirait pas à éviter le classement en défaut de la dette grecque par les agences de notation.
Ce rendez-vous va-t-il tout régler ? 
Il ne faut pas attendre de « grande avancée spectaculaire » à l’issue du sommet, a prévenu la chancelière allemande Angela Merkel. « D'autres étapes seront nécessaires », a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse.
Une prudence qui tranche avec l’ambition de la France. La réunion permettra de « franchir une étape supplémentaire et essentielle » pour la Grèce, a assuré François Baroin, sur France Info. Selon le ministre des Finances, un « message fort » devra être adressé, afin de permettre à Athènes d’emprunter à « des taux plus bas » et avec « des durées plus longues ».
Mesurant la gravité de la situation, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a lancé un appel aux Etats membres : « Le moment est venu de tenir parole », a-t-il insisté, exhortant « tous les acteurs », dont « la BCE », à « exercer leurs responsabilités ». Une référence à l’obstination de Jean-Claude Trichet, gouverneur de la BCE, qui n’a cessé de marteler sa différence avec l’Allemagne.
La portée de la décision dira si les gouvernements campent sur une vision court-termiste de la crise. « Le pire serait que les dirigeants fassent une annonce sur la Grèce et oublient que le problème est global. L'Irlande, mais aussi le Portugal, ont besoin d'emprunter à des taux plus bas », rappelle Florence Pisani, économiste chez Dexia Asset Management.