TOUT EST DIT

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lundi 18 juillet 2011

Euro : une crise si politique


Danger, avis de tempête. L'ouverture des marchés financiers sera, ce matin, scrutée à la loupe par tous les gouvernants européens, à l'aube d'une nouvelle semaine cruciale pour la monnaie unique.

Depuis le début de la crise grecque, il y a dix-huit mois, ce scénario s'est déjà répété à plusieurs reprises. Chaque fois, les spéculations sur la capacité des Européens à résoudre la crise de la dette créent l'alarme (elle-même rentable pour les spéculateurs). Chaque fois, un sommet européen esquisse une riposte. La tempête passe, puis revient. Toujours plus menaçante.

Car les craintes d'une contagion de la crise grecque pèsent sur des pays chaque fois plus importants. La semaine dernière, les cibles n'étaient plus le Portugal ou l'Irlande, mais l'Italie et sa gigantesque dette. Autrement dit la troisième économie européenne. Ce ne sont plus les régions périphériques de la zone euro qui sont en danger, mais son coeur même. Le jeu se fait très sérieux. Si sérieux que le parlement italien n'a pas mis quarante-huit heures pour adopter un rude plan d'austérité. Du jamais vu.

Jeudi, les dirigeants de la zone euro se retrouvent à Bruxelles. Ils doivent définir les modalités du deuxième plan de sauvetage de la Grèce, dont le principe a été acquis le mois dernier. Une nouvelle fois, des divergences sur la stratégie à adopter se font jour et c'est là une des raisons du regain de pression de la part des marchés.

D'un côté, l'Allemagne (plus la Finlande et les Pays-Bas) exige une participation contrainte des créanciers du secteur privé (les banques). De l'autre, la France et la Banque centrale européenne préconisent une participation du privé sur une base volontaire, par crainte d'un défaut de paiement d'Athènes aux conséquences imprévisibles.

Un compromis sera sans doute trouvé à Bruxelles, mais sera-t-il suffisant s'il n'est pas accompagné d'un sursaut politique ? On peut en douter. De nombreux économistes estiment que l'Union monétaire européenne, telle qu'elle a été conçue à Maastricht, a créé un déséquilibre (entre une politique monétaire fédéraliste et une politique budgétaire restée nationale) dont on paie le prix fort.

Ce hiatus, par temps de crise, tire dans deux directions : le repli national ou le fédéralisme. Et plus les spéculateurs s'acharnent contre l'attentisme de nos politiques, plus l'alternative se radicalise. Les marchés révèlent (jusqu'à l'acharnement) la moindre faiblesse politique. Aux États-Unis, en Italie ou pour la zone euro, le même schéma opère partout.

Or, cette faiblesse porte un nom : l'endettement. C'est la dette qui a fait perdre à la plupart des pays de la zone euro une précieuse part de leur souveraineté, pas l'Europe dont le budget est si dérisoire. Même s'il est facile de se défausser sur Bruxelles, la crise de l'euro nous montre surtout des responsables politiques pris en tenaille entre leur calendrier électoral (si personnel) et le monde opaque des usuriers de la finance sans frein. Un grand écart qu'aucun pays européen ne peut tenir seul. Pas même l'Allemagne. Puissance fédérale s'il en est, mais qui tourne désormais le dos au fédéralisme européen.

C'est pourtant bien la question fédérale, longtemps tabou, que la crise de l'euro est en train de remettre au coeur du débat politique sur l'avenir de l'Europe. Et le pire, c'est que ce sont les économistes qui sont, pour l'instant, les seuls à le penser clairement.

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