TOUT EST DIT

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mercredi 18 mai 2011

Enterrement tragique rue de Solférino

C’est un deuil pathétique ! Comme une étonnante majorité de Français (voir le sondage ci-dessous), les socialistes s’accrochent encore aux espoirs d’une manipulation contre Dominique Strauss-Kahn, psalmodiant à l’infini le refrain «Seule l’accusation a parlé», gémissant sur «les images insoutenables» du tribunal de New York, vouant aux gémonies une justice américaine «dénuée d’humanité», convoquant «le respect des droits de l’homme» pour défendre la dignité outragée de leur champion. Avec juste, à la fin, un petit mot laborieux et au conditionnel, pour la victime et pour la gravité des faits retenus par la police. Ils semblent tellement abattus, désorientés, sans ressort, ces dirigeants portés jusque-là par l’espoir d’une victoire en 2012, que leur désarroi est plus lourd de conséquences, sans doute, que l’élimination prématurée de DSK dans la course à la présidentielle.

S’il était lucide, le PS éviterait de donner durablement l’image d’un parti orphelin de son homme providentiel. C’est dur, certainement, cynique peut-être, mais vital : il lui faut sans délai tourner la page Strauss-Kahn et le dire clairement. L’innocence ou la culpabilité du directeur général du FMI ne sera pas formellement établie avant longtemps. Faudra-t-il attendre jusque là pour que le parti prenne acte que son champion des sondages est définitivement hors jeu ? Bien sûr que non ! Et avec d’autant moins de regrets que l’affaire fait remonter à la surface des comportements avérés qui, eux, valaient disqualification pour le grand rendez-vous avec le peuple. C’est fini, et bien fini pour DSK. Son combat, désormais, n’est plus pour la France, ni en France, mais pour lui-même, et à Manhattan.

Alors autant aller vite, maintenant. Sinon, tout délai supplémentaire pour prendre ses distances avec le détenu de Rikers Island sera inévitablement interprété comme une hésitation complice, la preuve de cette «défaite morale» sur laquelle spéculerait déjà, en privé, Nicolas Sarkozy derrière le paravent de la décence officielle. Les socialistes s’efforcent bien de montrer un visage uni - une performance en soi - mais sans pour autant se résigner à fermer la boucherie des primaires, où les crocs des uns et des autres sont d’autant plus affûtés qu’ils ont été aiguisés par l’incertitude du combat. Si seulement ces préliminaires lacrymaux et autres pleurnicheries - compréhensibles mais nombrilistes - pouvaient déboucher sur une candidature unique de la famille socialiste, la mort politique de «Dominique» aurait servi à quelque chose :elle pourrait être un antidote contre la division et le risque d’un autre 21 avril. Mais non. Pour le moment le faire-part de décès, qu’on tarde à accepter, est encore un passeport pour un très périlleux voyage au pays des rivalités meurtrières contre lesquelles il n’y pas de loi, de droit, ni de foi.


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