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mercredi 18 mai 2011

Dette souveraine : Athènes ne s'en sort pas


L'hypothèse d'une nouvelle aide évoquée par les ministres hier à Bruxelles. Le scénario d'un rééchelonnement global de la dette n'est plus tout à fait tabou. 


Pendant que Dominique Strauss-Kahn comparaissait pour la première fois devant la justice américaine, les affaires européennes suivaient leur cours. Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis hier à Bruxelles pour aborder une nouvelle fois le problème des dettes souveraines, à commencer par celles du Portugal et de la Grèce. En l'absence du directeur général du Fonds monétaire international, qui joue un rôle clé sur ce dossier, c'est Nemat Shafik, directrice générale adjointe pour l'Europe, qui représentait l'institution à Bruxelles.

Selon des déclarations de diplomates, les ministres de la zone euro se seraient mis d'accord sans surprise sur un plan d'aide de 78 milliards d'euros au Portugal, qui s'était résigné fin mars à appeler au secours. Mais l'autre gros dossier de la soirée, celui de la Grèce, est a priori beaucoup plus épineux. Athènes a obtenu l'an dernier des engagements de 110 milliards d'euros, dont un tiers fourni par le FMI, pour faire face au remboursement de sa dette qu'elle risquait de ne plus pouvoir honorer.
La marée de la dette Mais, au fil des mois, l'hypothèse que ce premier plan d'aide soit suffisant a perdu de plus en plus de crédibilité. Car, tout en imposant une cure d'austérité très douloureuse à une bonne partie de la population, Athènes n'est pas parvenue à réduire son déficit 2010 dans les proportions qui lui étaient demandées. Bien qu'ayant fortement baissé par rapport à 2009 - où il atteignait 15 % -, il aurait encore été supérieur l'an dernier à 10 %.
Dans ce contexte, l'océan de la dette publique continue de grossir. Le seuil des 150 % du PIB (2,5 fois les objectifs du traité de Maastricht) devrait largement être dépassé. Dans ces conditions, les marchés bruissent de plus en plus de rumeurs d'une « restructuration » de la dette souveraine grecque, qui pourrait prendre la forme d'un allongement des délais de remboursement des obligations d'État ou d'une baisse des taux d'intérêt. Le tout, de préférence, dans le cadre d'une négociation internationale.
Un tel scénario n'irait pas sans dommage pour les détenteurs de titres d'État grecs, à commencer par la Banque centrale européenne ou de très nombreux établissements bancaires comme BNPParibas, engagée à hauteur de 1,2 milliard d'euros, et dont les créances se trouveraient partiellement dévalorisées.
Mais, dans le même temps, il paraît difficile de faire supporter aux Grecs beaucoup plus de sacrifices qu'il ne leur en est demandé depuis un an. Et ce, d'autant plus que, comme le souligne l'économiste Pascal Kauffmann, professeur à l'université de Montesquieu Bordeaux 4, la récession engendrée par cette cure d'austérité pèse sur les recettes fiscales de l'État.
Bijoux de famille en vente Dans ces conditions, même si elle n'est pas certaine, l'hypothèse d'un nouvel effort de la zone euro, prenant la forme d'une aide supplémentaire ou d'un allongement de la durée de remboursement des prêts octroyés l'an dernier, n'est plus tout à fait taboue. La ministre des Finances autrichienne, Maria Fekter, l'a évoquée hier devant la presse à Bruxelles. Son influent collègue allemand, Wolgang Schaüble, en avait parlé la veille en prévenant qu'en ce cas les créanciers privés (banques...) devraient eux aussi faire des sacrifices. Une façon comme une autre de mettre un scénario de restructuration globale sur le tapis. Il semble, cependant, qu'on n'en soit pas encore là pour autant. Une telle stratégie se heurte à l'opposition d'autres États en posture plus ou moins difficile (Espagne, Belgique), qui craignent de voir une restructuration de la dette grecque engendrer, par contagion, un surcroît d'attaques contre les leurs.
En attendant d'éventuelles décisions sur ce point et un nouveau concours européen, Athènes, qui a accueilli ces derniers jours une mission du FMI, va faire de nouveaux efforts. Le gouvernement va annoncer un nouveau programme de privatisations qui pourrait inclure des complexes olympiques, un opérateur téléphonique, etc. Mais cela ne suffira sans doute pas à calmer les marchés, ni peut-être à éviter un nouvel effort de Bruxelles, voire des créanciers privés.

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