TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 14 avril 2011

When it comes to Facebook, EU defends the 'right to disappear'/UE-Facebook, bras de fer sur la vie privée

"Leaving Facebook? It was a Kafkaesque nightmare!" says Sean McTiernan, a 20-something Dublin arts journalist, who tried to quit the social network but found that Facebook really didn't want him to leave.
It's rare enough for a young person to ignore the magnetic forces of Facebook, doubly so for someone working in an industry where social media is becoming paramount. But Mr. McTiernan says he was simply exhausted by all the "oversharing" among his online friends. He knew the break wouldn't be easy (and what would become of his social life?), but he forged ahead to pry himself from his virtual community.
"In the end," he says, "I found a program that deleted, one-by-one, every single comment I'd made, every photo I'd uploaded, and every post on my wall."
But even that wasn't enough to convince him that he would vanish. "I revived my profile and left it blank: no pictures, no posts, no friends. It felt safer that way," he says. That way, based on his reasoning, he can make sure he's not on Facebook by maintaining a shadow presence on Facebook.
If the European Union gets its way, people like McTiernan may have an easier time erasing their online selves. The EU wants to give Internet users the right to what the French call le droit à l'oubli – literally, the right to oblivion.

EU in vanguard of Internet privacy


Viviane Reding, the EU's justice commissioner, is pushing for tougher privacy safeguards in an effort to give Internet users more control of their personal data that is collected, stored, mined, and could potentially be sold by companies like Facebook, Google, or any of the vast number of sites where users upload photos, provide private details, and, every once in a while, post something embarrassing.
The new rules, which are set to be in place later this year, put the EU in the vanguard of Internet privacy laws and could influence other countries, namely the United States, as Internet law becomes an increasingly pressing and controversial arena. What's more, the stronger EU stance on privacy may have profound effects on companies like Facebook, which declined to be interviewed for this article, that have millions of users across Europe.
"While social networking sites and photo-sharing services have brought dramatic changes to how we live, new technologies have also prompted new challenges," said Ms. Reding in a February speech. She went on to say it is "now more difficult to detect when our personal data is being collected."
She says "people shall have the right – and not only the possibility – to withdraw their consent to data processing. The burden of proof should be on data controllers – those who process your personal data."
Reding's spokesman, Matthew Newman, says the right to be forgotten is simply a modernization of existing laws: "It already exists in the sense that if you live in the EU you have control over your data. But what's missing is that it hasn't taken account of how we use the Internet now. Fifteen years ago, there was no such thing as social media."
The legal rejig will also see companies forced to prove they need to collect the data for which they ask and allow users to remove all traces of themselves from sites they join.
"If you sign up for Twitter or Face­book or a photo-sharing site," he says, "you agree to share your data, though you probably don't read the terms. It should be very easy for you to delete it, and it should be really deleted."

 La volonté européenne de graver le "droit à l’oubli" dans le marbre d’une loi sur la protection de la vie privée sur Internet pourrait radicalement changer la donne pour des entreprises comme Facebook et suscite des interrogations sur la liberté d’expression en ligne. 

 "Quitter Facebook ? Ca relève du cauchemar kafkaïen ! ", s’exclame Sean McTiernan, journaliste de Dublin d’une vingtaine d’années qui en tentant de sortir du célèbre réseau social, a découvert à quel point Facebook ne voulait pas le voir partir.
Il est rare pour un jeune d’aujourd’hui de ne pas succomber à l’appel de Facebook, a fortiori quand il travaille dans un secteur où le média social est devenu si prépondérant. Mais voilà, McTiernan en avait tout simplement assez de "l’hyper partage" avec ses amis en ligne.
Il savait qu’il ne serait pas facile d’en sortir (et qu’allait-il advenir de sa vie sociale ?) mais il décida de se lancer et de briser les chaînes de sa communauté virtuelle. "Au bout du compte, dit-il, j’ai fini par trouver un programme pour effacer, un à un, tous les commentaires, toutes les photos et tous les posts que j’avais pu mettre en ligne".
Il n’était toutefois pas encore certain d’avoir complètement disparu du réseau. "J’ai donc réactivé mon profil et je l’ai laissé vierge : pas de photo, pas de post, pas d’ami. Je me sentais plus rassuré comme ça ", poursuit-il. En maintenant une présence fantôme, il était certain de ne pas être sur Facebook.

Les réseaux sociaux et le besoin d'ajustement juridique

Si la proposition européenne aboutit, les gens comme McTiernan pourraient avoir nettement moins de mal à effacer leurs traces de la Toile. L’Union européenne veut en effet offrir aux internautes le droit à l’oubli. Viviane Reding, commissaire européenne à la Justice, plaide pour un renforcement de la protection de la vie privée et souhaite donner aux internautes un meilleur contrôle sur les informations privées qui sont collectées, archivées, exploitées et éventuellement vendues par des sociétés comme Facebook, Google ou tout autre site permettant à ses utilisateurs de poster des photos, des informations privées ou quoi que ce soit de potentiellement embarassant.
Cette nouvelle réglementation, dont la mise en place est prévue dans le courant de l’année, place l’UE à la pointe de la protection de la vie privée sur Internet et pourrait inspirer d’autres pays à mesure que le débat sur la réglementation en ligne devient plus pressant et polémique. Cette initiative pourrait également avoir de lourdes conséquences pour des sociétés comme Facebook, qui compte des millions d’utilisateurs en Europe et n’a pas souhaité répondre à nos questions.
"Si les sites de réseaux sociaux et les services de partage de photos ont radicalement changé notre mode de vie, ces nouvelles technologies posent également de nouvelles questions", déclarait Viviane Reding en février dernier. Il est aujourd’hui "plus difficile de savoir quand des informations personnelles sont collectées. Les gens devraient avoir le droit – et pas seulement la possibilité – de retirer leur consentement à la collecte d’information. La charge de la preuve devrait être du côté de ceux qui utilisent vos données personnelles".
Le droit à l’oubli n’est qu’une modernisation de lois existantes, a déclaré Matthew Newman, porte-parole de la commissaire à la Justice. "Ce droit existe déjà au sens où tous les résidents européens ont le contrôle de leurs données personnelles. Ce qui manque, ce sont les nouveaux usages apparus sur Internet. Il y a quinze ans, les médias sociaux n’existaient pas".
Cet ajustement juridique devrait également obliger les sociétés à prouver qu’elles ont besoin des informations qu’elles demandent et permettre aux utilisateurs d’effacer toute trace de leur passage sur des sites qu’ils ont pu rejoindre. "Si vous ouvrez un compte sur Twitter, Facebook ou n’importe quel site de partage de photo, vous acceptez de partagez vos données même si vous ne lisez probablement pas les termes de cet accord, explique Newman. Il devrait être très simple de les effacer et d’obtenir qu’elles soient réellement effacées".

643 millions d'utilisateurs Facebook dans le monde

Avec près de 643 millions d’utilisateurs dans le monde, Facebook a fait l’objet de critiques persistantes ces dernières années, ses détracteurs lui reprochant de n’offrir que la possibilité de "désactiver" un compte et non de le supprimer. Si certains saluent l’initiative européenne, d’autres – notamment du côté des sociétés américaines – s’élèvent contre ce qu’ils considèrent comme une atteinte à liberté d’expression. Sur son blog, le responsable de la protection des données personnelles chez Google trouve qu’il s’agit d’une "idée fumeuse" et écrit que "la protection de la vie privée est le nouveau noir des fashionistas de la censure".

"Le problème concerne essentiellement les jeunes qui ont plus tendance à poster des photos embarassantes qui reviendront les hanter des années plus tard", explique Gavin Phillipson, professeur de droit à l’université Durham en Angleterre. Face à ce problème généralisé, les Etats-Unis préfèrent inciter les utilisateurs à davantage de responsabilité tandis que l’Europe a tendance à épingler la conduite des entreprises concernées.
Lilian Edwards, professeur de droit à l’université de Strathclyde à Glasgow, est réputée pour ses positions libertariennes sur la question. Elle n’est pourtant pas entièrement hostile à la proposition européenne. "J’ai d’abord été séduite par cette idée, puis j’y ai trouvé quelques inconvénients, explique-t-elle. Le premier est d’ordre technique : sur Internet, l’information circule. Mais d’un point de vue légal et moral, le problème est surtout que la protection de ma vie privée empiète sur votre droit à la liberté d’expression. Si j’écris sur mon blog, 'John était bourré hier soir', c’est une information personnelle mais c’est aussi mon droit de m’exprimer librement".

Débat

Oui à la vie privée, non à l’oubli

La militante des libertés civiles Tessa Mayes écrit dans The Guardian qu'à l'ère d'Internet, il existe des tensions croissantes entre le droit à la vie privée et la liberté d'expression. "Les demandes devant les tribunaux pour garder des détails d'une histoire privée anonymes sont de plus en plus courantes", écrit elle. "L'année dernière, l'ex-femme d'une célébrité de la télévision s'est vue imposer par la justice une interdiction de divulgation de données personnelles le concernant "
Par ailleurs, l'arrivée de services permettant de gérer sa réputation en ligne, capables de faire disparaitre toute information compromettante sur Internet signifie que "le commun des mortels entend bénéficier d'une protection aussi solide que celles des gouvernements, des célébrités et des grosses entreprises".
Toutefois, "si se faire oublier peut séduire certains, faire de cet oubli un droit porte atteinte au concept même de droit. Plutôt que d'être quelque chose qui incarne la relation entre l'individu et la société, il prétend que cette relation n'existe pas".

"Le droit à la vie privée s'explique parce que nous vivons dans une société. Nous exigeons d'avoir ce droit dans une société tout en restant impliquée dans celle-ci. Pour que notre vie publique fonctionne bien, nous avons parfois besoin de nous en éloigner".
"En revanche, le droit à l'oubli est un retrait extrême, et dans sa forme la plus dure peut être assimilé à un acte antisocial et nihiliste. S'il est adopté, ce droit à l'oubli signifierait l'émasculation de notre pouvoir d'agir dans le monde".

0 commentaires: