La forme a été vieillotte et parfois poussive. Tout le reste a été moderne.
Le mail d’invitation à la conférence de presse de Nicolas Hulot avait annoncé la couleur. Ce serait solennel. Ce le fut. Ce serait dense. Ce le fut. Ce serait frugal. Ce le fut. La sobriété du décor (fond bleu modèle FR3 des années 70), la modestie du son (un micro tenu à la main par le présentateur-autocandidat), le lieu (une salle des fêtes de banlieue) et jusqu’à l’éclairage, glauque à souhait : tout indiquait un dépouillement choisi au service d’une voix et de son message.
Hulot a été un peu longuet et parfois un peu verbeux, mais il a atteint son objectif. Il est parvenu à montrer avec une efficacité certaine qu’il était différent. Qu’il courait au service d’un idéal d’une autre essence que celle du reste de la classe politique : il ne veut pas seulement changer la société à coup de «plus de», il veut en faire naître une nouvelle, écologique et sociale. Il a exalté les solidarités, notamment avec le sud, mais semble aussi avoir trouvé le nord de ses convictions. C’est qu’il a réglé sa boussole personnelle avant de s’élancer : ses «amis» politiques les plus proches sont chez Europe-Ecologie-Les Verts et son projet est incompatible avec la politique actuelle de la majorité. Le solitaire orgueilleux qui, en 2007 avait voulu convertir toute la galaxie du pouvoir de gauche à droite et de droite à gauche, l’inspirateur d’un Grenelle de l’environnement consensuel qui a dépassé les frontières des partis, s’est clairement positionné, cette fois, dans une sphère électorale qu’il a longtemps répugné à explorer. L’homme qui présentait ses émissions en survolant la Terre a donc finalement décidé d’aller se poser sur le territoire du combat politique.
Sur son parcours dans cette jungle inhospitalière - la nature des hommes peut être venimeuse - les primaires écologistes l’ennuient, aussi artificielles qu’une épreuve de Koh-Lanta. Puisqu’il le vaut bien, et puisqu’il le faut bien, il les traversera par nécessité en espérant que, sur son passage, on se ralliera à son panache vert flamboyant sans trop le contrarier. Et que la guerre avec Eva sera jolie. Ensuite, il marchera sans se décourager, nous promet-il, la volonté dans son sac à dos, pour conjurer le déclin annoncé de la planète. Le fin-du-mondisme n’est pas une fin en soi, à la fin, tempête-t-il, à condition de réformer le progrès. Tout simplement…
Déjà un petit miracle : son annonce a été plutôt bien accueillie chez les Verts, au soutien volontiers soupçonneux, mais qui reconnaissent en lui une énergie nouvelle capable de produire des voix. Alors, l’inconnu le plus redoutable que devra maintenant affronter Hulot, c’est lui-même. Le candidat sera-t-il capable de faire rayonner le charisme et la générosité de l’agitateur d’idées dans un univers qui n’est pas le sien ?
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