Ce n’est encore qu’une candidature à la candidature. Mais elle a le poids d’une candidature tout court. Elle est plus lourde, bien plus lourde de conséquences, que celles, plus impatientes, de Ségolène Royal, d’Arnaud Montebourg, ou de Manuel Valls. Sans doute parce qu’elle est plus dense, plus ferme, plus ronde, même si celui qui la porte a perdu dix kilos pour mieux endosser le costume de présidentiable.
Hier, François Hollande a fait simple, fidèle à son personnage et à son style. Mais il y a eu une forme de solennité cachée dans un acte qui ne peut être simplement politique. Cette façon de dire «je suis prêt» comme on décide de l’être, après une profonde inspiration, pour un grand rendez-vous. Celui-là, c’est avec la France. Et puis Tulle, la Corrèze... Ce côté terrien, enraciné, voire rural, qu’a voulu donner cet énarque, diplômé d’HEC plus amateur de bons mots encore que de bonne chère, dont le brio pourrait sembler signer une identité plus urbaine que campagnarde. Il y a là une geste à la fois pompidolienne, chiraquienne et bien évidemment mitterrandienne. L’unique président socialiste de la V ème République, dont il fut le conseiller à l’Élysée, était un provincial définitif, persuadé que la légitimité pour occuper les plus hautes fonctions de l’État se cultivait sur un territoire. Lui aussi avait choisi un département âpre, la Nièvre, pour partir à la conquête du pays tout entier.
Tout l’imaginaire qui enveloppe le président de Conseil général réélu et adoubé par Bernadette Chirac le distingue de celui qu’il défie. C’est le pari de la tortue contre le lièvre incarné par Dominique Strauss-Kahn, flamboyant directeur d’un organisme international parcourant le monde, condamné à jouer jusqu’au bout du teasing médiatique pour mieux se faire désirer.
François Hollande, lui, est parti de très loin, et de très bas, dans une course qu’il a toujours rêvé de remporter. On a souvent reproché à l’ancien premier secrétaire du PS, qu’il fut pendant 11 ans, d’avoir laissé passer sa chance en 2007. Mais après tout, cette sagesse n’était pas si frileuse. Elle lui préconisait simplement de laisser passer son tour.
La patience hollandienne est une de ces vertus qui contraste avec l’avidité des ambitions socialistes pour 2012. La promesse d’une présidence plus modeste tranche aussi avec la pratique de l’actuel occupant du poste.
Elle est trempée dans une détermination peu spectaculaire certes, mais très efficace, sans laquelle Hollande ne serait pas arrivé là où il en est aujourd’hui. Car le bonhomme sait tuer (politiquement) avec drôlerie. Il sait compter aussi, comme le patron du FMI. Le déficit de popularité qu’il accuse dans les enquêtes d’opinion ? Les pourcentages actuels des instituts de sondage ne sont pas l’unité de compte qui décidera de l’issue des primaires, ni de la suite.
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