jeudi 24 mars 2011
Nuage invisible, peurs perceptibles
Il est passé par ici, il repassera par là. Le « nuage » de Fukushima poursuit sa rotation autour de la terre, dispersant ses poussières dont la dangerosité diminue avec la distance. Autant on a pu mesurer hier une inquiétante hausse de la radioactivité près du site nucléaire, autant le risque sanitaire que son survol de la France pourrait entraîner est a priori « négligeable ». Les scientifiques sont formels. Ils ont déclenché la contre-offensive des mots. Qu'on se le tienne pour dit, il ne faut plus parler de « nuage » ou de « panache » mais de microparticules, tellement infimes qu'on n'est pas sûr de pouvoir les détecter ! Pour preuve, elles se sont promenées incognito au-dessus de l'Amérique. Il n'empêche... Depuis le mensonge de Tchernobyl, lorsqu'on avait, comme dans un manga, stoppé le vrai nuage pile à nos frontières, la confiance dans les experts est rompue. L'accident du Japon soulève de légitimes inquiétudes, le danger nucléaire étant loin d'être écarté. Pour en revenir à l'intriguant « nuage », force est de nous en remettre aux... experts. Ils n'affirmeront certes jamais le risque zéro mais ils banalisent le phénomène. Si la peur qu'il suscite parfois chez nous n'est pas raisonnée, quoique compréhensible, l'angoisse des Japonais est, elle, des plus rationnelle, tant la situation se révèle critique. Le danger de contamination sur la chaîne alimentaire est sans comparaison. Pensons que 35 millions d'habitants de la région de Tokyo sont suspendus au sens du vent, victimes potentielles de substances redoutables. Aussi l'achat de précaution observé en France avec les pastilles d'iode ressemble-t-il à une farce franchouillarde à une heure où les Tokyoites, stoïques dans la catastrophe, ne peuvent plus donner de l'eau du robinet aux bébés ni consommer de légumes.
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