jeudi 24 mars 2011
Fatigues électorales
Et si on revenait au vrai débat ? Au lieu de s'effrayer, à longueur de temps, du « raz-de-marée » FN, la classe politique devrait s'inquiéter des causes de son spectaculaire désaveu.
Le seul vainqueur, l'abstention, fait monter, en pourcentage, le score des partis les plus mobilisés. Plus la marée participative descend, plus on voit affleurer les récifs. En nombre de voix, les grandes formations s'effondrent, l'UMP surtout, le Parti socialiste dans une moindre mesure. Le Front national gagne, mais seulement en apparence, surtout par défaut.
Juste quelques chiffres pour confirmer ce constat ignoré des observateurs : entre les cantonales de 2004 et celles d'aujourd'hui, le FN ¯ il est vrai avec moins de candidats ¯ a perdu 110 000 voix ; le PS, 940 000 ; et l'UMP un million. Ainsi, le parti « majoritaire » n'a réuni, dimanche, que 1,5 million de suffrages, sur un corps électoral de vingt et un millions d'inscrits ! Leurs alliés fondent dans les mêmes proportions.
Même si les écologistes améliorent un peu leur score, mais avec davantage de candidats, la vérité est nette et cruelle : les Français se sont détournés massivement de cette élection et de la politique. Beaucoup de raisons objectives expliquent que les cantonales les découragent. Il n'empêche que notre démocratie, dont on fait miroiter les charmes dans les pays en révolution, est malade de cette abstention croissante au fil des scrutins. L'idée que tout aurait été essayé conduit soit à l'abstention, soit à l'extrémisme.
Un sentiment d'abandon
La confusion des jours derniers autour de l'attitude à adopter au second tour risque même d'être terrible. Les artifices tactiques renforcent l'idée que les grands partis sont incapables de se déterminer par eux-mêmes et tout juste capables de petites connivences pour se sauver des eaux. Ils valident la thèse de « l'UMPS » chère à l'extrême droite. Ils font oublier que si l'on gagne une élection avec un pourcentage, on ne peut durer sans adhésion de l'opinion.
Les électeurs se fichent pas mal qu'untel, dimanche, vote PS, blanc ou s'abstienne. Ils se moquent de consignes de désistement de moins en moins suivies. Ils ne demandent pas, en priorité, que l'on débatte ¯ autre aveu d'incapacité à agir ! ¯ de laïcité ou d'identité. Ils veulent des réponses précises à des problèmes concrets de pouvoir d'achat, de logement, de chômage, d'inégalités, de sécurité.
Le dernier rapport du Médiateur le confirme : les Français ne croient plus guère en leurs institutions et en leurs représentants. Ils sont fatigués, depuis de nombreuses années, de promesses non tenues, de mises en scène trompeuses, de réformes tourbillonnantes, de calculs électoraux, d'administrations kafkaïennes... Le sentiment d'abandon, d'isolement, d'impuissance et d'injustice gagne toutes les couches de la population.
Qu'une majorité, de droite ou de gauche, soit désavouée fait partie de la démocratie. Le plus inquiétant, c'est que l'alternance ne suscite pas davantage d'espoir. De ce point de vue, majorité et opposition portent la même et lourde responsabilité devant les attentes des citoyens. Mais les électeurs, au lieu de se lamenter des résultats qui sont de leur fait, ont aussi le devoir de sortir d'une certaine paresse pour s'informer ¯ jamais les projets des partis n'ont été aussi accessibles ¯ et pour courir voter en connaissance de cause.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire