TOUT EST DIT

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jeudi 17 mars 2011

La diplomatie tâtonne, Kadhafi pilonne

Il y a peu, non sans imprudence, on décrivait un régime chancelant, un autocrate cramoisi. Il suffisait de tendre la main pour cueillir le trophée. Eh bien ! non seulement Kadhafi ne capitule pas, mais il est en train d'inverser le cours de la guerre civile et de regagner le terrain perdu sur l'insurrection. Au point peut-être de reconquérir Benghazi, ville symbole et bastion des révoltés. Le retour de balancier paraît presque inéluctable tant les forces d'opposition luttent à armes inégales face à l'artillerie lourde de Kadhafi. La communauté internationale a-t-elle laissé passer sa chance de faire pencher la situation en faveur des rebelles ? La question se pose dès lors que la France n'a pu rallier le G8 et les Européens à l'option d'une zone d'exclusion aérienne pour clouer au sol les avions du Guide. Elle repose sur une idée simple : les autorités libyennes ne sont plus légitimes, les exactions commises contre la population sont patentes, il y a donc urgence à mener une opération militaire ciblée, faute de quoi le mouvement pour la démocratie sera étouffé dans l'œuf. La Libye est aujourd'hui sur le fil du rasoir. Le moral des insurgés s'étiole, lesquels vivent l'inertie des diplomates comme un sentiment d'abandon, voire une forme d'encouragement aux dictateurs contestés par la rue. Un échec de la révolution libyenne ferait planer des nuages noirs sur le printemps arabe. De ce point de vue, la combativité du président français, qui lui vaut de recevoir des philippiques délirantes du clan Kadhafi, n'a pas été saluée à sa juste mesure, quand bien même Nicolas Sarkozy, emporté par sa fougue, a trop fait cavalier seul en Europe. Parlons-en, de l'Europe : elle pourrait se mordre les doigts de n'avoir pas forcé le destin si l'illuminé de Tripoli accomplissait son sinistre dessein.

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