TOUT EST DIT

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jeudi 17 mars 2011

Donnons leur chance aux jeunes

Malgré un assouplissement des conditions du plan de sauvetage, décidé par les Etats de la zone euro le 11 mars, les Grecs sont de plus en plus pessimistes sur la capacité de leurs dirigeants à les sortir de la crise. Ils disposent pourtant d'une richesse inestimable : les jeunes, pour l'instant sacrifiés. 


Les fameux e-mails du "banquier" qui annonce la faillite pour le 25 mars [jour de la Fête nationale et du prochain Conseil européen] et le retour à la drachme sèment le doute dans un corps social déjà dubitatif. Les analphabètes du net et les néophytes qui gobent l'"explication" des mystères de l'univers transfèrent massivement cet e-mail, diffusent cette rumeur stupide et sèment la panique.
Bien sûr, le mail de l'Apocalypse est semé sur une terre prête à l'accepter et à lui faire donner ses fruits : selon le sondage de l’agence Public Issue, l'insécurité et le pessimisme des Grecs envers l'avenir bat des records. Neuf Grecs sur dix se sentent menacés, huit sur dix croient que nous allons dans la mauvaise direction, sept sur dix sont convaincus que leur situation va encore empirer.
Cela renforce le sentiment largement répandu que le pays est en chute libre. Et l'inaction a tout envahi : elle engourdit les corps et les esprits. C’est très visible dans le secteur public, où les services restent gelés et dorment, soit parce qu'il ne reçoivent pas d'orientation de la part des responsables politiques, soit parce qu'ils manquent de ressources, soit parce que la crainte d’être contrôlés inhibe les fonctionnaires de base.
L’inaction est également évidente au sein du gouvernement : l'impulsion initiale pour l'application des dispositions [du plan d'austérité] est très rapidement retombée, et même la mise en œuvre de certaines mesures nécessite une énergie et une foi. Et c'est ce qui manque.
Exploiter l'originalité de l'économie méditerranéenne
Nous vivons une crise terrible de leadership, mais aussi une terrible crise d'identité. L’élite dirigeante actuelle n’existera plus dans quelques années sous sa forme actuelle. De nombreux visages vont disparaître de la scène, quelques-uns survivront et d’autres vont vouloir exprimer la société telle qu'elle se forme à travers les affres de la nouveauté.
Le combat de l’expression collective semble déjà largement répandu, avec des manifestations diverses : collectifs, groupes bénévoles, journaux, blogs d'entreprise. Mais les jeunes générations en particulier, humiliées par un horizon violent, reviennent lentement mais sûrement vers l'univers individualiste des années 90 et 2000.
Les 20-40 ans sont une précieuse source de main-d'œuvre, malheureusement sous-estimée et étouffée. L'élite actuelle a écarté les nouvelles forces des centres de décisions, sauf si elles appartiennent à une grande famille. Après le point culminant de la mobilité sociale, dans les années 80 et 90, les mouvements ont été freinés drastiquement.
Cet immobilisme social à eu des effets négatifs sur la scène politique et l'administration publique, où prévalent les familles et les intermédiaires. Il a aussi affecté le milieu des affaires : le petit marché national est obsédé par le néolibéralisme importé et n'exploite pas le caractère original de l’économie méditerranéenne (petites entreprises, petites administrations.). Le résultat, nous le voyons : cartels, corruption, Etat privatisé et destruction des classes défavorisées.
Des jeunes exclus, sous-évalués et étouffés
La grande majorité de jeunes Grecs qui entrent dans la vie active avec de sombres perspectives ont une formation de haut niveau et, surtout, un esprit cosmopolite que n'avaient pas les générations précédentes. C'est la jeune génération de la mondialisation et d'Internet. Elle est le meilleur élément dont dispose notre société vieillissante à faible natalité, une société sans morale et largement pessimiste.
Mais ces jeunes sont exclus, sous-évalués, étouffés. Notre pays n'a pas misé sur eux pour sa renaissance, car le système n'est intéressé ni par sa renaissance ni par sa survie. Il ne s'adresse pas à cette génération, il l'ignore, il la sacrifie.
Les parents de la classe moyenne, après avoir dépensé de l'argent et des sentiments pour leur progéniture, observent cette situation, impuissants, craintifs, et ne peuvent ni se défendre ni protéger leurs enfants et la société misérable qu’ils ont construite ou tolérée. Nous sommes confrontés à un paradoxe dramatique : la Grèce sacrifie ses enfants pour les péchés d'une élite inutile.
Comment ces jeunes vont-ils s'en sortir dans ces conditions ? Il est terrible de constater que notre gouvernement manque d'enthousiasme et de motivation. Il nous manque aussi une dose d'amour-propre et un minimum de sentiment de cohésion. Des carences qui se renforcent mutuellement
Ces lacunes et ce système forment une bulle. Cette bulle va bientôt exploser, inévitablement. De la douleur et des ruines de cette rupture, émergera une nouvelle Grèce, avec un amour-propre, une mobilité sociale, un espoir et un objectif commun. Un objectif surtout, le plus dur : survivre dans la liberté.


Plan de sauvetage

Souplesse contre rigueur

Le 11 mars, les 17 pays de la zone euro se sont mis d'accord pour abaisser le taux d'intérêt sur les prêts effectués par la Grèce de 5,2% à 4,2% et pour allonger la durée de leur remboursement de 3 à 7 ans et demi. Cette décision, que réclamait le Premier ministre Georges Papandréou et qui doit être confirmée lors du Conseil européen du 25 mars, a été prise en contrepartie d'un engagement du gouvernement grec d'accélérer et étendre son programme de privatisations à 50 milliards d'euros dont 15 d'ici à 2013. Alors qu'Athènes s'est félicité de cet accord, le quotidien To Ethnos a considéré pour sa part qu'il accentuait la politique d'"austérité pour tous".


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