vendredi 25 mars 2011
Et maintenant le Portugal...
Trouver la parade. C'est, depuis l'automne 2008, l'obsession de chaque sommet européen. Depuis que la crise financière a éclaté, et surtout qu'elle s'est étendue aux dettes souveraines des maillons faibles de l'Union européenne, la parade ressemble à un interminable chantier. Il s'agit tantôt de sauver la Grèce, tantôt l'Irlande. Aujourd'hui, le Portugal. Demain, l'Espagne ?
Parade après parade, l'Europe colmate des brèches toujours plus profondes. L'orage passe, un temps. Et on recommence. Pour cela, on échafaude des mécanismes de financement. Ce qui est impensable à un moment donné devient, le temps d'un trimestre, incontournable. La raison en est simple. Tous les gouvernements, ou presque, ont vécu au-dessus de leurs moyens, avec une monnaie unique dépourvue des outils d'un véritable gouvernement économique. La crise a révélé que la fusée euro avait décollé avec un étage manquant. Alors, c'est cet étage que, cahin-caha, chaque sommet tente de construire.
À Bruxelles, une pièce importante du dispositif est discutée aujourd'hui. Pour ne plus avoir, à l'avenir, à réagir au coup par coup, pour rassurer durablement les marchés, les Européens ont décidé de remplacer l'actuel Fonds de stabilité financière (créé il y a un an pour sauver la Grèce) en un MES, Mécanisme européen de stabilité, opérationnel en 2013. Il devrait être doté de 500 milliards d'euros et autoriser à acheter de la dette souveraine.
Parallèlement, sous l'impulsion de Paris et de Berlin, un mécanisme de renforcement de la discipline budgétaire et un pacte pour l'euro doivent être adoptés. Il s'agit, d'un côté, de créer des mécanismes vertueux pour que les critères de convergences ne restent plus lettre morte. Et parallèlement, de mettre en oeuvre des politiques économiques au service de la « compétitivité » et la « convergence ». Derrière ces mots, c'est en fait la rigueur salariale qui pointe. À cet égard, la vigueur des manifestations organisées, hier, à Bruxelles, prélude peut-être au volet social de la crise, jusqu'ici éludé.
Cet édifice en construction est le fruit d'un compromis entre la demande française d'un gouvernement économique et l'exigence allemande de rigueur. Mais, à l'évidence, son centre de gravité se situe largement au-delà du Rhin. Pour une raison première. Berlin a, certes, fait des concessions, mais, forte de son insolente santé économique, l'Allemagne a aussi fixé, dès la crise grecque, une ligne rouge souverainiste : ses contribuables ne paieront pas les frasques des cigales européennes. Elle refuse la solution financière authentiquement collective, et solidaire, que serait la création d'obligations européennes, avec un taux identique pour tous les pays membres de la zone euro.
Cette ligne rouge a déjà montré ses effets pervers : elle impose aux pays en difficultés une cure qui creuse les fossés déjà existants. Ainsi, Athènes, menacée par la faillite, a dû emprunter à 14 % ; le Portugal, hier, à plus de 8 % ; alors que Paris et Berlin empruntent à des taux bien moindres. La spirale est redoutable. Dépendance financière, austérité, récession, tensions sociales. L'étape suivante, c'est celle que traverse Lisbonne : la crise politique. Les mécanismes de convergence en cours d'adoption seront opérationnels à partir de 2013. D'ici la mise en place des mécanismes de convergence, c'est le risque d'excès de divergence entre sa super-locomotive allemande et ses élèves trop endettés que court la zone euro.
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