Et maintenant? À l’aube du septième jour de l’offensive aérienne contre le régime du colonel Kadhafi, la situation n’est guère plus claire qu’au soir du premier jour. Comme on pouvait s’y attendre les avions de la coalition ont rapidement pris la maîtrise du ciel libyen et facilement détruit les principales infrastructures aériennes de l’adversaire. Sur ce terrain, on savait l’armée libyenne particulièrement vulnérable. Comment aurait-elle pu prétendre faire le poids contre les 350 avions déployés par les Français, les Anglais et les Américains?
Le plus facile a été accompli. Alain Juppé était donc dans le vrai quand il annonçait que les opérations seraient vraisemblablement de courte durée. Pour ce qui concerne la première phase de l’intervention, elles s’achèvent. Les coalisés n’auront bientôt plus rien à bombarder et les troupes qui pourraient encore être ciblées ont pris bien soin de s’abriter au cœur de la population pour rendre impossible toute attaque contre eux. Si les frappes se multiplient depuis hier soir c’est un ultime bouquet avant une pause obligatoire.
La deuxième phase qui s’ouvre aujourd’hui sera plus complexe. On sent bien l’état-major allié embarrassé par les limites posées, sur la forme comme sur le fond, par la résolution 1973 du Conseil de sécurité: elles sont aujourd’hui atteintes! Alors le ministre de la Défense français, Gérard Longuet, déploie maintenant beaucoup d’énergie pour faire l’exégèse du texte et montrer qu’une forme d’intervention au sol est possible. C’est que la France, et elle a raison, veut à tout prix éviter la pétrification du conflit qui serait synonyme de statu quo. Les précautions de langage sont peu à peu abandonnées pour revenir à l’essentiel: oui, l’objectif est bien l’élimination politique - sinon physique - de Mouammar Kadhafi, et s’il n’était pas atteint, l’offensive serait, aux yeux de Paris, un échec, quel que soit le nombre de vies sauvées par l’empêchement du massacre de Benghazi.
Le problème, c’est que la France se retrouve très isolée ce matin. Barack Obama, harcelé par une opinion publique défavorable, ne pense qu’à désengager l’Amérique de la Libye au plus vite. Un retrait qui aurait de lourdes conséquences puisque la moitié des avions qui pilonne les positions de Kadhafi est américaine. On comprend d’autant mieux que le président des États-Unis ait fini par obtenir que l’OTAN reprenne le commandement des opérations: il pourra lui repasser la patate chaude. Washington fait ainsi d’une pierre deux coups car elle satisfait la demande insistante des Turcs qui, depuis le départ, ne veulent pas entendre parler d’un conflit «anti-Kadhafi». La France a freiné des quatre fers pour garder les mains libres? Et alors? Au final, le dispositif concocté par l’Alliance Atlantique apparaît déjà comme une usine à gaz. Volontairement inopérante?
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