samedi 19 mars 2011
Encore Plus Risible
Les Français ont de la chance. Grâce à l’EPR, le fameux réacteur que le monde entier leur envie – mais que seuls les Finlandais et les Chinois ont acheté jusqu’à présent – ils disposent du nucléaire le plus sûr au monde. Nicolas Sarkozy et Anne Lauvergeon, la présidente d’Areva, ne sont pas souvent sur la même longueur d’ondes. Ils viennent de se retrouver en marge de la catastrophe de Fukushima pour affirmer qu’en France, un tel accident n’aurait pas été possible… grâce à l’EPR. Nombre de députés ont embrayé sur ce thème, faisant fi de toute décence envers les Japonais en deuil et en lutte, et oubliant quelques vérités qui devraient les inciter à la prudence.
Un : à l’heure actuelle, aucun EPR n’est en service dans le monde. Rassurer les Français en leur vantant un réacteur qui n’existe pas encore relève de l’abus de langage. Deux : les autorités de sûreté nucléaire française, finlandaise et anglaise n’ont toujours pas donné leur feu vert au réacteur. Elles jugent son informatique de contrôle et de commande trop fragile. Trois : les chantiers d’Olkiluoto, en Finlande, et de Flamanville, en France, connaissent des retards à répétition, notamment pour des raisons de sécurité. À Flamanville, le chantier a été suspendu en 2008, pendant des mois, par l’ASN, le gendarme du nucléaire, en raison d’anomalies dans le coulage du béton.
Enfin, une double coque autour du réacteur ne suffit pas. Fukushima démontre qu’il faudrait également surprotéger les pompes et les diesels de secours, ce qui n’est le cas ni dans les centrales anciennes, ni pour l’EPR.
Plus puissant, plus compact, moins générateur de déchets que les réacteurs de la « génération Fessenheim », l’EPR bénéficie de trente ans d’expérience nucléaire. Cette expérience rejaillit sur la sécurité, c’est indéniable. Mais d’ici à prétendre que la petite merveille technologique franco-allemande aurait été à l’abri d’un tsunami, il y a de la marge. Le discours de voyageur de commerce des autorités françaises n’est pas convenable. EPR signifie European Pressurised Reactor (réacteur pressurisé européen). Il ne faudrait pas que le sigle devienne l’acronyme d’Encore Plus Risible… que la communication en marge de Tchernobyl. À l’époque, le nuage radioactif était miraculeusement resté de l’autre côté du Rhin… dans les discours officiels. En réalité, il avait pollué la France comme tous ses voisins.
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