TOUT EST DIT

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samedi 12 mars 2011

Des précautions exportables

Dans les combats à mener pour se protéger des rudesses de la nature, il arrive que l’homme ait une petite longueur d’avance. C’était le cas hier au Japon où la stricte et soigneuse application des normes antisismiques a limité les dégâts. Quand des gratte-ciel de plus de trente étages bougent et tanguent mais finalement résistent à de si brutales convulsions telluriques, c’est une performance à saluer. Le savoir architectural accumulé depuis des décennies a évité le pire. Ce matin, les morts pourraient se compter par centaines de milliers en raison de l’immense densité de population du Japon.

Cela souligne le bon côté du fameux principe de précaution quand il établit sur des bases rationnelles la liste des mesures à prendre pour sauver des vies humaines.

Cela souligne aussi le rôle des administrations publiques chargées de prévenir le laxisme dans le suivi des chantiers. Si le séisme de janvier 2010 à Haïti s’est soldé par 250 000 morts et par 320 000 bâtiments détruits, c’est en partie parce que beaucoup de constructions avaient été conduites à la va-vite et à l’économie. Dans le tragique clivage nord-sud qui fait que, à proportions égales, les catastrophes du sud tuent plus que dans le nord, on retrouve régulièrement ce terrible mélange de pauvreté, de vices de forme, de pots-de-vin et de bricolages qui multiplie inutilement les victimes. De ce point de vue, la méticulosité chère aux Japonais a fait la preuve de son efficacité malgré les coupures d’électricité, les dortoirs improvisés et les supermarchés pris d’assaut pour faire des provisions.

Cette catastrophe a aussi montré que l’on a su tirer des enseignements du tsunami qui a fait 220 000 morts en 2004 du côté de la Thaïlande. Les alertes météo fondées sur l’anticipation de la trajectoire du train d’ondes à travers le Pacifique ont été correctement émises, permettant aux populations vivant au niveau de la mer de se mettre à l’abri quand il était encore temps. La gestion des catastrophes est devenue une science ; l’empirisme a fait place à un savoir-faire et à de vraies méthodes qu’on peut expliquer, enseigner, reproduire et exporter.

Cette exportation de savoirs vers les pays du sud doit devenir une priorité. Les aides d’urgence offertes au lendemain d’une catastrophe dite naturelle sont et resteront indispensables. Mais il faut les doubler d’interventions préalables afin que l’impéritie humaine ne multiplie pas de façon criminelle les ravages d’un séisme survenu dans un pays pauvre.

La diffusion des savoirs participe directement au développement humain. Le transfert de technologies doit aller très au-delà de l’assemblage d’une voiture ou de la construction d’une centrale nucléaire. Les normes architecturales qui ont montré leur utilité dans les pays riches doivent être progressivement partagées partout. La tâche est immense mais il ne faut pas la négliger. C’est une question de responsabilité morale afin que les plus pauvres, où qu’ils vivent, ne trinquent pas plus que nécessaire.


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