TOUT EST DIT

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mercredi 23 février 2011

Face à l’inconnu

La logorrhée de Mouammar Kadhafi a beau émaner d’un mythomane qui, dos au mur, croit toujours mener la «révolution» en Afrique et dans le Monde, le discours tenu hier à Tripoli laisse envisager le pire. L’ordre est donné de mater par tous les moyens la rébellion des «rats» et des «drogués», «manipulés» par les États-Unis et l’Italie.

Désormais, il faut s’attendre à tout en Libye. À un bain de sang qui multiplierait le nombre des victimes par milliers pour finalement aboutir à la seule issue envisageable : la chute du régime. Car les propos délirants du «Guide» signent aussi un aveu de faiblesse. L’appel pathétique aux tribus, dont le rôle est si important dans la société bédouine, laisse entendre que la plupart des clans ont déjà abandonné Kadhafi, y compris sa propre tribu. C’est vrai également pour une partie de l’armée, de la police et de l’administration, en plus de ces diplomates libyens qui, un peu partout, clament leur allégeance au «peuple».

Malheureusement, et là il faut croire les menaces de Kadhafi, le régime ne tombera pas sans d’horribles convulsions, sans des massacres perpétrés par la garde rapprochée et, paraît-il, des mercenaires recrutés au Tchad. Déjà se pose une question : quelle va être l’attitude de l’Occident en général, de l’Europe en particulier, sans oublier celle du puissant voisin de la Libye, l’Égypte ?

Très concrètement, les Européens qui, déjà, n’ont pas vu venir les révolutions arabes, ne bougeront pas, et se contenteront des traditionnelles condamnations verbales et autres appels désespérés. Toutefois, plusieurs hypothèses méritent rapidement étude : l’afflux massif de réfugiés (qui sera inévitable) ou encore la coupure (fort probable) des robinets du pétrole libyen. Et il y a le scénario du pire que redoute particulièrement l’Italie en se rappelant son aventure coloniale : l’éclatement de la Libye en plusieurs entités dont la Cyrénaïque limitrophe de l’Égypte. Or la région de Benghazi est sous l’autorité de tribus particulièrement conservatrices, voire salafistes.

Mais, après la Tunisie et l’Égypte, la Libye ne sera à son tour que l’acte suivant d’une pièce encore loin de son épilogue. Tout le monde arabe est en ébullition, aspirant à plus de liberté et de bien-être. L’Europe en premier lieu, puisque voisine proche, doit se préparer à ces bouleversements géopolitiques. En accordant l’attention qu’il faut, aides économiques comprises, à la Transméditerranée. Pour ne pas se trouver un jour face à des situations dangereuses. Car les révolutions, même menées avec les meilleures intentions démocratiques du monde, portent en elles une grande part d’inconnu. En laissant choir le pouvoir, elles créent un vide dans lequel n’importe qui ou n’importe quoi peut s’engouffrer…



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