TOUT EST DIT

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lundi 27 septembre 2010

Expatriés : le risque et la mesure

C'est un principe de la gestion de crise : quand au choc des événements s'ajoute le manque d'information, rien ne compte plus que de maîtriser les émotions. La compassion envers les salariés d'Areva et Satom otages au Niger, ainsi que ceux de Bourbon enlevés au Nigeria est naturelle. Mais pour décrypter ces événements, de la mesure.

D'abord, quant à la dangerosité de l'expatriation. Mondialisation aidant, le nombre des Français travaillant à l'étranger a augmenté de 63 % en 25 ans. Oui, nous avons connu davantage de faits divers, voire de drames, liés à ces activités. Mais non, ces affaires ne se multiplient pas de façon incontrôlée. Louis Caprioli, ancien sous-directeur à la DST devenu expert en gestion des risques chez Geos le rappelait il y a peu (« Les Echos » du 20 septembre) : le risque n'augmente pas globalement ; il est intense dans des zones précises. En tête desquelles on trouve, outre l'Irak, l'Afghanistan ou le Yémen, certes le Sahel. Faut-il pour autant se replier de ces territoires ? Ce serait déclarer forfait dans une compétition primordiale. L'autre effet de la mondialisation est qu'il y a de moins en moins de « terra incognita » du business. A sa manière, à son rythme, l'Afrique subsaharienne participe au décollage du continent, phénomène majeur de la décennie, battant en brèche l'idée d'une « Afrique inutile » qui longtemps a conduit certains à se couvrir la tête de cendres plutôt que d'entreprendre là-bas.

De même sous d'autres latitudes marquées par la violence. En Colombie ou au Mexique, mieux vaut qu'un manager et ses proches soient bien protégés. Nul ne saurait pour autant négliger le potentiel de ces pays et plus largement d'une Amérique latine que le Brésil tire vers le haut. On peut en dire autant de l'Asie, où même le Cambodge et la Mongolie attirent à juste titre des managers étrangers.

Le débat « y aller ou pas ? » ne tient guère face à l'activisme d'investisseurs du monde entier dont la Chine, comme en Afrique d'ailleurs. Reste la question du « comment ».

Mesure, là encore : une chose a suivi la courbe des implantations des grandes entreprises françaises à l'étranger, à raison de 1 à 2% de chaque projet : le budget sécurité qu'elles y consacrent. Nulle légèreté de ce côté. Au-delà, les procédures, les interlocuteurs, les législations sur le recours aux gardes armés sont autant de sources d'aléas. Des sujets de controverse justifiés, si des failles s'avèrent. Mais pas une raison pour oublier le credo de Roosevelt : « La seule chose que nous ayons à craindre, c'est la crainte elle-même. »

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