TOUT EST DIT

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mardi 3 août 2010

Dérive des continents

L'Amérique de Barack Obama s'éloigne visiblement du continent européen en ce début de XXI e siècle. On se doutait déjà que, à cause de ses origines plus pacifiques qu'atlantiques, le président américain n'avait pas une familiarité consanguine avec lui. Mais, depuis le début de l'année, il a manifesté à plusieurs reprises des signes de distanciation à son égard : en février, il déclinait une invitation à un sommet avec l'UE à Madrid ; la Chine, son principal créancier, a remplacé l'Europe dans ses partenariats privilégiés ; à Copenhague, il a été avec elle le principal responsable de l'échec de la conférence climatique soutenue par l'Europe ; comme lors du dernier G20 à Toronto… Tout cela a provoqué l'humeur de José Manuel Barroso, président de la Commission de Bruxelles, selon qui la relation transatlantique « n'est pas à la hauteur de son potentiel ». En quoi la présidence d'Obama pourrait bien être « une occasion manquée ». Sous le poli de l'usage, le propos est d'une particulière virulence. On ne saurait d'abord négliger les considérations personnelles. Barroso, dont le tropisme américain est connu (voir notamment une certaine conférence des Açores avec Bush en 2002), perd cette position privilégiée en voyant ainsi s'éloigner l'Amérique. D'autant que le renforcement des moyens de Catherine Ashton, « ministre des Affaires étrangères de l'Europe », menace son pré carré. Voilà pour le petit bout de la lorgnette. Mais c'est du côté du grand que résident les explications de fond : non seulement l'Europe n'est plus un interlocuteur majeur dans le monde, mais elle donne le spectacle, du fait de la confusion de ses institutions, d'une politique extérieure illisible, voire inexistante. Or la mission d'un président des Etats-Unis est de défendre en priorité les intérêts de son pays sans perte de temps inutile. Dans cet univers impitoyable, l'Europe serait mal venue d'imputer aux autres la responsabilité de ses propres faiblesses.

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