TOUT EST DIT

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mardi 3 août 2010


Un dernier conseil...

Y aura-t-il une parenthèse ?
L'agenda politique pourrait le laisser croire. Après le conseil des ministres d'aujourd'hui, c'est le grand vide. Pas d'événements prévus et un président en vacances avec Carla, au cap Nègre, officiellement pour trois semaines. Pour l'Élysée, c'est une échéance. Il fallait résister jusqu'à l'été salvateur à la tempête de l'affaire Woerth. Tenir, en espérant que le scandale médiatique se dilue enfin dans la crème solaire et que ses notes acides deviennent aussi volatiles que celles d'un rosé bien frais.
D'habitude sans risque, ce pari ordinaire n'est pas gagné d'avance. Les Français sont peut-être fatigués des rebondissements du feuilleton Bettencourt où on finit par ne plus savoir qui manipule qui. Et ils pourront rater quelques-uns des prochains épisodes judiciaires sans perdre le fil de la série. Mais cette histoire à tiroirs a pris trop d'ampleur pour se terminer en queue de poisson. Elle est déjà sortie du cadre des polémiques éphémères pour basculer dans une interrogation générale - qui ne prend pas de vacances, elle - sur l'éthique du pouvoir.
« L'acharnement médiatique » dénoncé par les uns n'est que la dimension bruyante d'une sourde exigence populaire en période de crise : l'exemplarité des élites. Si cette exaspération comporte toujours le risque de basculer dans un populisme réducteur, voire dangereux, elle s'attaque à un mal français insidieux, trop longtemps minimisé, qui ronge la confiance dans le politique et la crédibilité de ceux qui portent les réformes. Même présumé « honnête », un ministre si proche du monde de l'argent est-il légitime, est-il simplement audible, pour demander des « efforts » à des smicards où même à des salariés dont le revenu médian, en France, ne dépasse guère 1 400 euros mensuels ? C'est une question qui touche à la psychologie collective, pas à la démagogie. Refuser de l'admettre, ce serait de la cécité volontaire.
Si on pouvait conseiller aux ministres des devoirs de vacances, on leur préconiserait de s'entraîner à reconnaître tout de suite des erreurs quand ils en font. D'apprivoiser l'insaisissable vérité politique. Cette transparence qui, ces dernières semaines, aurait épargné au pays de gaspiller une énergie précieuse au moment où il n'a plus une minute à perdre pour se mettre en ordre de marche, et regarder devant lui. Enfin.

Olivier Picard

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