TOUT EST DIT

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mardi 3 août 2010

Obama quitte l'Irak mais sans avoir fini le travail, estime la presse étrangère

En annonçant, lundi 2 août, la fin de la "mission de combat américaine" en Irak, Barack Obama respecte là une de ses principales promesses de campagne. Si la presse le reconnaît, elle n'oublie pas de rappeler que le conflit n'est pas pour autant terminé en Irak et que c'est désormais en Afghanistan que la guerre peine le plus à trouver une justification aux yeux de la population.
"Le but de ce discours était de rappeler aux électeurs américains que [Barack Obama] allait respecter la promesse qu'il leur avait faite lors de son élection : terminer la guerre en Irak", écrit Kevin Connolly pour la BBC. Le journaliste estime qu'il s'agit là d'un "exploit logistique sur une échelle de temps stupéfiante" mais que "le président a pris soin de ne pas répéter l'erreur de son prédécesseur, George W. Bush, qui avait déclaré que la mission américaine en Irak avait été accomplie il y a sept ans".

Cette fois-ci, la mission est-elle véritablement accomplie ? Rien de moins évident pour Ruper Cornwell, du journal The Independent. Il rappelle que d'ici à septembre, après le retrait des troupes de combat d'Irak, il restera 146 000 soldats en tout (Irak et Afghanistan), dont environ 50 000 en Irak. Ces derniers seront chargés de former les forces irakiennes, de conduire des opérations anti-terroristes et d'assurer la sécurité des projets de reconstruction.

UNE "INQUIÉTANTE BOÎTE DE PANDORE"

"Si tout se passe comme prévu, ils seront rentrés dans 17 mois", écrit Ruper Cornwell. "Mais il s'agit là d'un gros 'si', comme le montre la querelle des chiffres sur le nombre de victimes civiles irakiennes". "Pour la Maison Blanche, soucieuse de respecter le calendrier de retrait pour focaliser son attention sur l'Afghanistan, 222 civils ont été tués le mois dernier. Les autorités irakiennes parlent elles de 535 morts, ce qui ferait du mois de juillet le plus meurtrier depuis deux ans", analyse-t-il. "Le véritable coût de la guerre – et la question de savoir si finalement ça valait le coup – ne sera pas connu avant plusieurs années".

Même impression pour Baudoin Loos, journaliste au Temps de Genève. "Alors, certes, le pouvoir extrêmement oppressif du parti Baas cher à Saddam Hussein n'existe plus, reconnaît-il. Mais, outre que ce dernier assurait tant bien que mal à la population les services sociaux de base, la démocratie balbutiante à l'irakienne se trouve tempérée par l'impéritie patente des nouvelles élites politiques, la corruption générale et la lancinante préséance des intérêts communautaires ou ethniques – les chiites, majoritaires, privés de pouvoir par les sunnites pendant des décennies, n'entendent plus le quitter, pendant que les Kurdes cherchent d'abord à consolider leur autonomie de fait dans les montagnes du nord-est", accuse-t-il.

Des "élus incapables de s'entendre pour former un gouvernement", un pays qui "vivote à l'ombre des appétits concurrents de ses voisins" : loin d'avoir terminé leur mission, "les Américains ont ouvert une inquiétante boîte de Pandore".

UN "RELATIF SUCCÈS"

Pour Peter Baker, du New York Times, et pour d'autres éditorialistes, "en voulant consolider ses soutiens à l'intérieur, le président américain dessine également les limites de ses ambitions en Irak et en Afghanistan". A l'approche des élections législatives de mi-mandat, prévues pour le 2 novembre 2010, la Maison Blanche a voulu "montrer qu'elle avait respecté une des principales promesses du candidat Obama", écrit le journaliste qui estime que le président américain a finalement géré le dossier avec un "relatif succès".

Un dossier d'autant plus important pour les électeurs américains puisqu'il se situe dans un domaine – la guerre – qui a une "forte signification émotionnelle", comme l'écrivent deux journalistes du Washington Post. "Les soutiens 'anti-guerre' qui avaient élu Obama ont ensuite été déçu par le plan mis en place après son élection, bien moins ambitieux que promis", rappellent-elles.

"DOUTES CROISSANTS SUR LA GUERRE EN AFGHANISTAN"

Une manière de "détourner" l'attention, selon Chris McGreal, du Guardian. Mais Barack Obama "doit maintenant faire face à un test bien plus difficile que l'Irak". "Les pertes américaines en Afghanistan le mois dernier ont atteint un niveau sans précédent dans ce qui est désormais le conflit le plus long de l'histoire des Etats-Unis", écrit le journaliste britannique. "Le président doit faire face aux doutes croissants sur la bonne conduite de la guerre, aggravés par les révélations des 90 000 pages de documents militaires secrets publiés par Wikileaks".

"La stratégie du président est de commencer à faire rentrer quelques-uns des soldats d'ici à un an, mais il a dit qu'il ne permettrait pas aux terroristes de faire un pas de plus en Afghanistan pour attaquer les Etats-Unis", conclut, sceptique, M. McGreal. Et les journalistes du Washington Post d'indiquer également que les opinions sont partagées entre "ceux qui souhaitent un retrait du conflit, au vu de l'importance des pertes, et les autres qui estiment que le plan d'Obama, qui prévoit un retrait pour juillet 2011, est trop risqué et encouragera les groupes extrémistes de la région, dont les talibans".

Hélène Bekmezian


Pour en savoir plus

L'intégralité du discours de Barack Obama

– Un débat d'experts organisé par le New York Times sur les avantages et les inconvénients du retrait d'Irak

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