TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 3 août 2010

Prix du lait : les producteurs de nouveau sur le pied de guerre

Les producteurs de lait accusent les industriels de ne pas respecter un accord signé en juin dernier, qui prévoyait une hausse de 10 % du prix du lait. Les industriels, eux, mettent en avant la concurrence avec l'Allemagne.
La Vache qui Rit, le camembert Président et le Caprice des Dieux vont-ils disparaître des rayons ? C'est en tout cas ce que voudraient plusieurs fédérations de syndicats d'exploitants agricoles, qui appellent au boycott de ces trois produits fabriqués respectivement par Bel, Lactalis et Bongrain. Une forme de représailles après que ces fabricants ont refusé d'augmenter le prix d'achat du lait.

Depuis la semaine dernière, des adhérents de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs ont ainsi rendu visite aux grandes surfaces de leurs régions, afin de les inciter à retirer ces produits de la vente. Des délégations de producteurs laitiers se sont aussi rendues hier dans les préfectures, tandis que d'autres entreprenaient de bloquer brièvement l'accès à quelques laiteries en Bretagne et en Normandie. Autant de signaux d'alarme qui pourraient annoncer un « remake » de la crise du lait de l'automne 2009, marquée par le blocus des laiteries et des milliers de litres de lait déversés dans les champs.
Mauvaise surprise

La signature d'un accord entre les producteurs de lait et les industriels, le 3 juin dernier, censé déboucher sur une hausse de 10 % du prix du lait, n'a apparemment rien réglé. Faute d'être parvenus à s'entendre sur les tarifs du troisième trimestre, les producteurs de lait ne savent toujours pas à quel prix leur seront payées les livraisons effectuées depuis début juillet. Ils le découvriront sur les « fiches de paie », qui leur seront adressées par leurs clients entre le 12 et le 15 août. Et la surprise ne sera pas bonne. Selon Henri Brichard, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), syndicat majoritaire affilié à la FNSEA, le prix proposé par les industriels ne dépasserait pas 313 euros pour 1.000 litres, alors que l'application de l'accord de juin aurait dû donner 330 euros. En 2009, les prix avaient chuté à 200 euros les 1.000 litres, avant de remonter aux alentours de 295 euros au deuxième trimestre 2010.

Plusieurs industriels argueraient du fait que le prix du lait est substantiellement plus bas en Allemagne qu'en France - de l'ordre de 30 euros pour 1.000 litres -pour refuser de relever leurs tarifs. Sur certains marchés, comme les fromages et les produits industriels destinés au marché mondial, la concurrence est en effet très vive entre Allemands et Français.
Réunion demain des syndicats

« Les industriels ne jouent pas le jeu, déplore Henri Brichard. Ils imposent des baisses de tarifs quand les prix du marché baissent, mais ne veulent pas répercuter les hausses quand le marché des produits laitiers s'améliore, comme c'est le cas aujourd'hui. Les producteurs en ont assez et leur demandent simplement de respecter leurs engagements. Nous ne pouvons pas rester dans une situation où les prix seraient au bon vouloir des industriels. »
En cas de refus des fabricants de revenir à la table des négociations, les exploitants agricoles pourraient durcir leurs actions dans les prochains jours. Les principaux syndicats agricoles se réuniront demain. « Nous déciderons de notre stratégie en milieu de semaine », précise Henri Brichard. « Mais, pour l'heure, rien n'a bougé », déplore-t-il. Au besoin, le président de la FNPL espère également que le gouvernement, qui vient de faire voter une loi de modernisation de l'agriculture française, se penchera sur le dossier, ainsi que sur celui de la différence de compétitivité entre les producteurs de lait français et leurs concurrents étrangers, notamment allemands.

« Nous publierons en septembre les résultats d'une étude consacrée aux forces et faiblesses de la filière laitière française, qui montre que le problème ne se résume pas à un manque de productivité, annonce Henri Brichard. Les producteurs allemands bénéficient notamment d'avantages fiscaux et d'un coût de main-d'oeuvre moins élevé. »
BRUNO TRÉVIDIC, Les Echos

0 commentaires: