TOUT EST DIT

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vendredi 12 février 2010

Couples : l’homme est le plus fragile

Pierre Costa, sexologue au CHU de Nîmes, publie un essai qui va à l’encontre des idées reçues

Il y a quinze jours, il a eu les honneurs du magazine Elle. Cette semaine, France 5 et TF1. Coup d’essai, coup de maître : en consacrant son premier livre à la fragilité masculine, Pierre Costa, patron du service d’urologie-andrologie du CHU de Nîmes, explore un sujet tabou. « C’est la première fois qu’on traite du problème. » Il y avait urgence, car si « 5 % des hommes de 40 ans ont des problèmes d’érection », ils sont « 20 % à 30 % entre 50 ans et 70 ans », et « 50 % après 70 ans ». Quant à l’éjaculation précoce, elle touche 25 % des hommes.

« Contrairement à ce que tout le monde pense, en matière de sexualité, le plus fort,
le mieux armé par la nature est… la femme », écrit Pierre Costa, qui parle de malentendu en préambule : « L’homme d’aujourd’hui, comme celui d’hier, est élevé dans l’idée qu’il doit être fort et doit toujours l’être ». Condamné à la performance, il perdra vite pied s’il n’y arrive pas.
L’ouvrage qui sort cette semaine, est le fruit d’années de consultations à l’hôpital. Il se lit comme un roman. On y suit Maxime et Valérie, hantés par le souvenir d’un enfant perdu, un grand malentendu ; Denis et Diane, qui s’étouffent à force de ne pas laisser d’espace dans leur couple ; Gilles le commercial Dom Juan et la sage Lucie, trop différents pour entretenir le désir ; Serge et Inès, pourtant si complices… alors ?

Chaque histoire commence par une même angoisse : « Docteur, ma femme me quitte ». Une phrase entendue dans les consultations du professeur Costa. « Tout est quasiment vrai, j’ai fait des adaptations pour ne pas trahir le secret médical », indique le sexologue qui a répondu à une sollicitation de l’éditrice Anne Carrière.

Le constat est simple : « Je suis en permanence confronté à des hommes qui souffrent de fragilité et qui ne guérissent pas tant qu’ils refusent cette fragilité ». Or l’accepter est la seule possibilité de régler le problème, plus que le Viagra ou de la chirurgie : « Je me suis rendu compte que si cette fragilité n’était pas expliquée, un traitement ne suffisait pas. Il faut que l’homme comprenne ce qui se passe ». Au risque de « se recroqueviller sur lui-même » et de « maltraiter son entourage » ce qui « renforcera son anxiété ». Et c’est de ces réactions en cascade que survient le risque de rupture : « Une femme ne quitte pas un homme parce qu’il a quelques pannes sexuelles », rassure le Nîmois. Mais la société actuelle, « qui privilégie la performance », favorise ces accidents. « Et la place des femmes change, on vit dans un monde qui donne les mêmes chances aux filles qu’aux garçons, ce qui accentue la fragilité masculine », martèle Pierre Costa. Il ne désespère pas de faire changer les choses : « On est prêt à entendre ce discours ». Reste à le transmettre : « On a progressé dans la répartition des tâches hommes / femmes. Côté sexualité, l’éducation n’a pas changé. Il faut expliquer aux jeunes garçons que le corps n’est pas une machine ».

Et que s’il n’y a pas de surhomme, il n’y a pas plus de superwoman. « Longtemps, la femme a été fragile parce qu’elle avait des enfants. Avec les progrès de l’obstétrique, ce n’est plus le cas. Désormais, la fragilité des femmes, c’est leur apparence physique. Et vous aussi, si vous n’êtes pas dans le lâcher-prise, vous n’aurez pas une sexualité épanouie… »

Sophie GUIRAUD
"Couple : le plus fragile des deux n’est pas elle", éd. Anne Carrière, 18 €. Et aussi "Sexualité, guide à l’usage des femmes et des hommes", Bash, 15 €.

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