Impossible de se tromper ! Viktor Loukachenko, président du Belarus (ou Biélorussie) au pouvoir depuis 1994, le « dernier dictateur d’Europe », sera triomphalement réélu aujourd’hui avec sans doute plus de 70 % des voix. Et une présidence à vie en perspective.
Comme les précédentes, cette élection est une mascarade. Elle a les aspects formels de la démocratie en présentant, face à Loukachenko, huit autres candidats… dans l’incapacité de s’exprimer, voire de se faire connaître en dehors des milieux intellectuels. Le KGB - au Belarus, la police secrète n’a même pas changé de nom ! - veille. D’ailleurs, selon l’agence russe Novosti, 18 % des électeurs ont déjà voté en raison d’une curiosité de la loi électorale. Pour Loukachenko, évidemment, car il s’agit surtout de salariés d’entreprises d’État menacés dans leur emploi en cas de mauvais choix, de militaires aux ordres ou d’étudiants qui pourraient être radiés de leurs facultés et résidences universitaires.
Certes, l’Union européenne, après avoir promis des milliards en cas de vraie démocratisation (sur quel budget ?) va s’indigner. Peut-être, via le Parlement de Strasbourg, va-t-elle remettre, comme en 2006 à Alexandre Milinkevitch, un nouveau « Prix Sakharov » à un défenseur de la démocratie. Quelle hypocrisie ! Elle fait rire le « Petit Père », le surnom populaire de Loukachenko : Allemagne en tête, les États européens, même les voisins les plus critiques envers Minsk, font d’excellentes affaires avec le Belarus.
Voilà un pays discipliné, ancienne manufacture de l’URSS avec de grandes compétences en sous-traitance et aux salaires très bas convertis en euros. Un rêve pour capitalistes réticents à des aventures extrême-orientales !
Mais il faut aussi reconnaître l’évidence. Le régime Loukachenko a su éviter au Belarus les errements de la Russie postcommuniste à la Boris Eltsine en gardant des structures héritées de l’ère soviétique. Avec une reconnaissance assurée dans les kolkhozes, avec l’émergence d’une classe moyenne… comme en témoignent les embouteillages à Minsk. Que l’UE l’admette ou non, Loukachenko possède une certaine assise populaire qui s’exprimera aujourd’hui. En ignorant les « suicides » de journalistes et les « disparitions » d’opposants.
Longtemps, les Européens ont espéré que Moscou allait « lâcher » le voisin biélorusse éternellement en conflit avec Gazprom. Il n’en est rien. Medvedev et Loukachenko s’embrassent de nouveau devant les caméras. Une façon de montrer qu’à 18 mois de la présidentielle russe, avec le retour prévisible de Poutine à la tête de l’État, le Kremlin garde la main sur son « étranger proche ». Sur l’Ukraine aussi, retombée dans le giron de Moscou.
Bref, rien de nouveau à l’Est de l’UE, après quelques parenthèses…
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