Spécialiste de la civilisation et de la langue grecques, elle est l'auteur de très nombreux ouvrages sur cette période, notamment sur l'historien Thucydide, le théâtre d'Eschyle et d'Euripide et la guerre du Péloponnèse.
L'académicienne et helléniste
Jacqueline de Romilly est décédée samedi à l'âge de 97 ans. Elle a été la première femme professeur au Collège de France (1973), puis la première femme élue à l'Académie des inscriptions et belles lettres (1975). Spécialiste de la civilisation et de la langue grecques, elle est l'auteur de très nombreux ouvrages sur cette période, notamment sur l'historien Thucydide, le théâtre d'Eschyle et d'Euripide et la guerre du Péloponnèse.
Née le 26 mars 1913 à Chartres (Eure-et-Loir) d'un père professeur de philosophie et d'une mère romancière, Jacqueline David a très vite été première: deux fois lauréate du Concours général, ouvert pour la première fois aux femmes en 1930, elle sera la première femme reçue à l'Ecole normale supérieure en 1933, puis à l'agrégation de lettres en 1936. Professeur de lycée à partir de 1939, elle est nommée maître de conférences (1949), puis professeur titulaire (1951) à la faculté des lettres de Lille, avant d'être professeur de langue et littérature grecques à la faculté des lettres de Paris (1957-1973). Elle est ensuite titulaire au Collège de France de la chaire "La Grèce et la formation de la pensée morale et politique" (1973-1984).
En 1988, elle devient la deuxième femme élue à l'Académie française, après Marguerite Yourcenar. Elle était la doyenne de l'Académie depuis la mort de Claude Lévi-Strauss en 2009. L'universitaire a défendu ardemment l'enseignement littéraire et celui des langues dites "mortes". Après son plaidoyer "L'Enseignement en détresse" (1984), elle fonde en 1992 une association pour la sauvegarde des enseignements littéraires.
Jacqueline de Romilly a notamment publié de savants essais comme "Histoire et raison chez Thucydide" (1956), "La douceur de la pensée grecque" (1979), un Que sais-je? sur Homère (1986), une biographie d'Alcibiade (1995), mais aussi un roman, "Ouverture à coeur" (1990), et des nouvelles qui évoquent ses souvenirs: "Les Oeufs de Pâques" (1993) et "Laisse flotter les rubans" (1999). L'une des très rares femmes à être Grand Croix de la Légion d'honneur, elle est aussi Grand prix de l'Académie (1984) pour l'ensemble de son oeuvre, membre de nombreuses académies étrangères, prix Onassis pour la culture (1995).
Jacqueline de Romilly avait reçu la nationalité grecque en 1995. Elle était divorcée de Michel Worms de Romilly, sans enfant.
De Romilly, "un des très grands esprits"
Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a rendu hommage aujourd'hui à l'helléniste et académicienne Jacqueline de Romilly, décédée hier, estimant que "disparaît l'un des très grands esprits de notre temps".
"Maître en ces 'humanités' qu'elle enseignait depuis si longtemps, Jacqueline de Romilly était elle-même l'humaniste par excellence", a déclaré le ministre dans un communiqué. "Sa science du passé en faisait une femme éminemment actuelle", a-t-il poursuivi.
"Jacqueline de Romilly aura gardé jusqu'au terme de son existence presque centenaire, un même enthousiasme, une même passion, une même énergie inlassable pour défendre non seulement l'enseignement du grec et du latin mais aussi celui de notre langue", a souligné Frédéric Mitterrand.
"Elle voulait que les nouvelles générations continuent à disposer d'une langue riche et diversifiée, qu'elles gardent le sens du mot juste, dont dépend la qualité et la justesse de la pensée elle-même", a-t-il ajouté.
Le ministre a rappelé que "sa connaissance, sa pénétration du monde et de la culture grecs étaient si profondes, si complètes, si intimes qu'elles lui avaient valu [...] de recevoir en 1995 la nationalité grecque et d'être, quelques années plus tard, en 2001, nommée Ambassadeur de l'hellénisme".
Jacqueline de Romilly, "phare" (Bayrou)
Le président du MoDem François Bayrou a salué aujourd'hui la mémoire de l'helléniste et académicienne Jacqueline de Romilly, décédée hier, estimant qu'elle était "un phare" de la pensée.
"Au moment où Jacqueline de Romilly s'en va, nous sommes nombreux à avoir envie de lui dire notre affection et notre reconnaissance", a déclaré François Bayrou. Elle "était un phare, à la fois par l'immense culture, la volonté de se battre sans cesse pour défendre les bases de cette culture à laquelle elle croyait - et en particulier la langue grecque - et aussi une infatigable volonté d'être présente par l'écriture", a-t-il poursuivi.
"Jacqueline de Romilly vivait la culture grecque et aimait la langue grecque comme une langue et une culture vivantes. Pour elle, les Grecs du Vème siècle étaient des contemporains en Humanité. Elle découvrait par eux l'idée que la liberté accomplit la nature humaine et que la démocratie comme projet politique est l'accomplissement de cet épanouissement", a-t-il ajouté.
"Toute la sensibilité de cette femme exceptionnelle et son inaltérable engagement ont été et seront, pour tous ceux qui partagent sa conviction et son combat, un repère et un encouragement", a-t-il conclu.
BAYROU, PAUVRE INCULTE, PARLE-IL SEULEMENT UN PEU LE GREC ?
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