TOUT EST DIT

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vendredi 1 octobre 2010

Passeur de savoirs

Juste un tout petit entrefilet dans le carnet du Figaro. Intimité familiale, simplicité de toujours, marque de ceux qui ne trichent jamais avec eux-mêmes. Charpak est mort. Juste quelqu'un de bien. Physicien français, immigré, polonais, juif, résistant, interné, prix Nobel? Toute la richesse et la diversité de notre pays, toute la fertilité de la France terre d'accueil et du vivre ensemble. Juste notre histoire. Dans cette société de l'à-peu-près où le discours scientifique a du mal à subsister parce qu'il ne s'accommode pas du zapping, Georges Charpak est une statue. Prophète de l'infiniment petit et de l'imagerie médicale, perpétuel croisé contre la crétinerie et les fondamentalismes, il était un homme passionné, engagé dans son temps, pour le progrès et la liberté.

Formidable vulgarisateur, pédagogue convaincant, Charpak ne se lassait jamais d'expliquer que la science est le produit de la curiosité. Avant d'être vérité, la science est recherche et questionnement. En toute occasion, le prix Nobel se faisait le promoteur d'un retour à l'esprit scientifique dont notre époque réductrice oublie qu'il était celui des lumières et des encyclopédistes.

Pour cet élève de Joliot devenu un géant de l'instrumentation, cet enthousiaste cultivé, la recherche de la connaissance est le contraire du dogmatisme. Charpak devenu prix Nobel saisit toutes les occasions de combattre les affirmations ex cathedra et de pourfendre les éloges de l'ignorance. Pour lui l'image de la science est celle de la liberté. Même s'il lui arrive de regretter notre peu d'appétit pour l'exigence scientifique, sa volonté de promouvoir la science n'est jamais prise en défaut. Georges Charpak a le charme de ceux qui savent dire les choses compliquées avec des mots simples et le talent des grands passeurs de savoir.

Avec « La main à la pâte » Georges Charpak s'engage dans une démarche originale de pédagogie active des sciences pour les rendre accessibles et susciter des vocations dans l'enseignement supérieur. Son expérience place l'élève au centre du questionnement et de la recherche. Cet apprentissage intégré, dans la droite ligne des thèses émancipatrices, était sa grande fierté.

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