TOUT EST DIT

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vendredi 1 octobre 2010

LA CITE DU MÂLE – Vrais machos ou faux procès ?

Malgré les polémiques l'entourant, le documentaire La cité du mâle a été diffusé sur Arte. Le reportage présente le visage bien triste d'une cité où les hommes sont machos et où les femmes sont soumises, ou dont "les rébellions" sont sévèrement réprimandées. Vision caricaturale ou malheureusement réelle ?
La cité du mâle a finalement été diffusé mercredi 29 septembre sur Arte. Le documentaire avait pourtant été déprogrammé 15 minutes avant sa première diffusion prévue le 31 août dernier. La journaliste Nabila Laïb qui avait travaillé comme "fixeuse" [personne chargée de trouver les intervenants, ndlr] pour la réalisatrice Cathy Sanchez, avait bloqué le documentaire le jugeant bidonné.

Complètement bidon ?
"Dans le reportage, tous les personnages sont consentants, sauf un jeune homme qui est filmé à son insu et qui vient pour casser la caméra. C'est moi qui l'arrête, et il me dit 'OK, pas de souci'. Mais je ne suis pas au courant que la scène a été tournée, on ne me le dit pas. Ils le floutent à peine - son visage est reconnaissable par tous ses amis - et ils le mettent dans les 5 premières minutes du film!", explique-t-elle à Télérama. Si des modifications superficielles (plus de floutage, des propos retirés ou bipés…) ont été apportées à cette nouvelle mouture du documentaire, le producteur du projet, Daniel Leconte, et la réalisatrice persistent et signent devant les critiques d'une vision tronquée de la cité. "J'ai posé des questions ouvertes, pas orientées. Au montage, on a essayé d'être le plus soft possible pour ne pas tomber dans la caricature", assure Cathy Sanchez. Dans un débat à bâtons rompus sur France Inter, Daniel Leconte affirme que pour lui ces accusations ont "pour but de censurer l'information, de mettre un couvercle sur la détresse des jeunes femmes dans certaines cités."

Mais de quoi parle le documentaire ?
La cité du mâle qui s'inscrit dans la soirée thématique d'Arte "Femmes, pourquoi tant de haine ?", va faire un tour du côté de la cité Balzac à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) là même où il y a huit ans la jeune Sohane meurt brûlée vive par son ex-petit ami. "Je cherchais à dresser un état des lieux des relations filles-garçons huit ans après le meurtre", explique la réalisatrice qui a été très étonnée par le discours cru et dérangeant des jeunes interviewés. Ainsi, on peut y voir Rachid, 25 ans, qui préfèrerait "menotter" sa sœur plutôt que de la voir sortir le soir. "Moi, ma sœur, elle dépasse pas 10h à la baraque, elle est dans sa chambre, elle écoute de la musique". Sa sœur a pourtant 28 ans. Quant à Okito, 18 ans, son image de la femme se divise entre les filles "bien", celles qui sont vierges jusqu'au mariage, et les autres : "les chiennes, les putes". "Y'en a beaucoup maintenant", affirme-t-il. L'homme doit être "macho", explique un autre banlieusard. Même en couple, pas question de s'afficher ensemble ou "t'es un bouffon". La femme, elle, est soumise, ne dévoile pas ses formes et peut se faire frapper dans le cas contraire. "Un homme peut battre une femme. Pas la battre à mort mais si elle mérite une baffe, oui, c'est normal", déclare Yassine. Leurs mots ne sont d'ailleurs pas assez durs pour parler des mouvements féministes comme "Ni putes, ni soumises".

Caricatural ? Oui, mais …
La vision des jeunes garçons des cités dans ce documentaire polémique est certainement caricaturale, mais même la caricature a un fond de vérité. Si les intervenants ont certainement voulu jouer leur caïd devant la caméra et se montrer plus durs qu'ils ne le sont en réalité, les différents faits divers des dernières années prouvent que la violence ne se trouve pas que dans les mots. Rue89, qui avait montré le documentaire a des jeunes du Val-de-Marne, a ainsi constaté que les lycéens avaient trouvé un certain écho dans les témoignages de ces jeunes paumés qui gardent les murs de la cité, où les filles restent tapies dans la pénombre.

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