TOUT EST DIT

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mardi 5 octobre 2010

L'Europe à l'heure chinoise 

      Depuis hier à Bruxelles, l'Europe fait face à l'Asie, à 19 pays qui avec les 27 de l'UE forment l'ASEM (Asia-Europe Meeting) en représentant presque 60% de la population mondiale et un peu plus de 60% du commerce mondial. Avec des échanges très en défaveur des Européens puisque, entre importations et exportations, les déficits de l'UE ne cessent de se creuser pour se chiffrer désormais à près de 250 milliards €.
 Parmi ces partenaires, l'Inde, la Corée du Sud ou Singapour sont loin d'être négligeables. Mais qui dit Asie pense Japon et surtout Chine. Le Premier ministre de Pékin Wen Jiabao est d'ailleurs la vedette courtisée de ce sommet qui se poursuivra demain en rencontre bilatérale sino-européenne. L'UE plaidera une fois de plus pour une meilleure gouvernance monétaire à l'échelle de la planète (sous-entendu : le yuan est maintenu artificiellement trop bas), pour des ouvertures de marchés et obtiendra peut-être quelques résultats politiques au prix de douloureuses concessions dont la levée de l'embargo sur la livraison d'armes à Pékin.
 Mais sur l'essentiel, la Chine restera intransigeante. Elle dit déjà non aux Américains, pourquoi céderait-elle aux Européens ? A ces Européens qui absorbent le tiers des exportations chinoises grâce à l'euro, la seule monnaie forte alors que les Etats-Unis jouent la dévaluation compétitive en faisant fonctionner la planche à billets ? L'euro fort, de plus en plus fort dans le contexte actuel grâce à une inébranlable rigidité monétaire, est une aubaine pour la Chine encombrée de dollars dépréciés. Mieux, le gigantesque plan de relance de 440 milliards € mis en œuvre par Pékin permettra encore plus de croissance, donc de vendre encore plus aux Européens au détriment de leurs industries... A condition, il est vrai, que ce plan ne crée pas une nouvelle bulle spéculative suivie d'une nouvelle crise financière.
 Que dans ces conditions la Chine vole au secours d'Athènes en promettant de souscrire aux emprunts de l'Etat grec est tout bénéfice. D'une part, l'euro se raffermira et d'autre part, le fameux plan d'urgence de 750 milliards arrêté en mai dernier par l'UE - dans l'espoir que jamais il ne servira dans cette totalité - représente une assurance hors pair. La Chine fait ce que les Européens ont été incapables de faire. Demain, l'opération pourrait être répétée en faveur de l'Espagne, du Portugal ou de l'Irlande. Et le banquier providentiel prend pied dans l'UE...
 Les gouvernements européens semblent se féliciter. C'est plutôt le rouge de la honte qu'ils devraient afficher. En s'interrogeant dans l'urgence sur une autre gouvernance économique et monétaire.

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