L'échiquier politico-syndical pourrait bien être bousculé par la journée de mobilisation de demain. Qu'elle soit une réussite ou un échec pour ses organisateurs. Pour le front syndical, presque reconstitué, la réforme des retraites et de leur financement est acceptée comme une nécessité. Mais les grandes centrales entendent qu'elle corresponde à des critères d'équité sociale qu'elles ne trouvent pas dans le projet du gouvernement. En particulier sur la pénibilité et parce que les hauts revenus ne sont pas suffisamment associés à l'effort commun. Mais au-delà de cet enjeu prioritaire, la mobilisation sera aussi l'instrument de mesure de l'efficacité syndicale et du degré de rejet de la politique sociale de Nicolas Sarkozy.
En entrant dans le dialogue direct avec le gouvernement, les syndicats se placent sur une ligne de défense des valeurs du travail et de la solidarité qui peut se traduire pour eux par un regain de vitalité. Ils redonneraient ainsi un sens à l'action sociale et au militantisme qui n'ont pas toujours trouvé leur compte dans le paritarisme et la cogestion. Sur ce sujet des retraites, qui concerne tout le monde mais dont personne ne pense qu'elles sont garanties par la réforme, une très large mobilisation peut contribuer au retour des salariés dans la vie syndicale.
S'il sort sans dommages de cette journée, Nicolas Sarkozy pourra se targuer d'avoir fait taire tous les clivages dans son camp et d'avoir maté la majorité en l'obligeant à faire bloc sur le projet cardinal de son quinquennat et en maintenant Éric Woerth malgré les affaires. En prenant prétexte de ce conflit classe contre classe, le président de la République pourrait réussir à annihiler toutes les velléités internes de diversification et de remise en cause de sa politique sécuritaire.
Le Parti socialiste se frotterait bien sûr les mains d'une réussite de la journée qui affaiblirait Nicolas Sarkozy. Mais le PS sait aussi que des syndicats redevenus forts se tiendront en dehors de la bataille politique de l'alternance pour n'être que des acteurs du dialogue social. Il y a trop longtemps que les socialistes n'ont pas contribué à faire avancer l'idéal de justice sociale pour qu'ils puissent imaginer tirer parti d'une victoire syndicale.
DANIEL RUIZ
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire