TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 6 septembre 2010

Allumer le feu ?

Une fois de plus, Johnny, avec le flamboyant témoignage dominical qui lui a été consacré, a donné le tempo. Cette semaine sera rock'n roll ou ne sera pas. On dit qu'elle sera celle « de tous les dangers », ou on l'estampille déjà du label « de vérité » : le fantasme du grand rendez-vous quinquennal affole chroniqueurs et rédactions. Une seule certitude : ça va déchirer.
Le succès, plutôt inattendu, des manifestations de samedi contre la politique sécuritaire du gouvernement donne une première indication du potentiel de mobilisation pour la grande journée de demain. Dans les ministères comme à l'Elysée, on s'attend déjà à un télescopage explosif des colères et des affaires.
L'UMP avait parié sur l'été pour étouffer la polémique Woerth, ou au moins réduire sa charge nocive. C'est exactement le contraire qui se produit. Les « aveux » d'un ministre du Travail acculé par les faits et bien obligé de concéder son appui direct pour faire décorer M. de Maistre ne pouvaient tomber au plus mauvais moment. La majorité crie, naturellement, à la manipulation politique, mais c'est bien le choc entre un pouvoir trop proche du monde de l'argent et les efforts que les Français pressentent qui créent les frustrations et les colères.
Même chez ses amis qui prétendent officiellement le contraire, personne ne se fait d'illusion : M. Woerth est bel et bien affaibli pour mener l'acte principal de la réforme majeure du quinquennat. Les cortèges de demain seront sans pitié pour ce ministre déstabilisé et surtout dévalorisé par des dissimulations successives qu'il a toujours habillées de sa bonne foi, au mépris - circonstance aggravante - du bon sens élémentaire de l'opinion. Raté. Aujourd'hui, c'est la réforme toute entière qu'il avait portée jusque là avec compétence et efficacité qui se trouve fragilisée.
Au plus bas dans les sondages, le président de la République prend tous les risques pour braver ce coup du sort en soutenant son poulain. Trop tard pour faire machine arrière... Mais surtout, il ne veut pas donner l'impression de céder à la pression médiatique. Grave erreur d'analyse : c'est l'indignation populaire voire l'écœurement qui ont donné à l'affaire cette étonnante résistance aux démentis et au contre-attaques.
Le chef de l'Etat n'a pas voulu admettre que le « C'est légal » répété en boucle ne suffirait pas davantage à retourner les Français que la presse. Même protégé par la présomption d'innocence, Eric Woerth, avec ses amitiés ambiguës et ses faux-vrais mensonges, n'a plus la légitimité ni le profil exemplaire indispensables pour défendre un texte forcément douloureux. Le président le sait mais, au plus bas dans les sondages, il a tout de même choisi de passer en force en jouant le tout pour le tout. Au risque d'allumer le feu.

Olivier Picard

0 commentaires: