TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 7 août 2010

La terreur atomique

« Au roi du Pays d'Assur revenant la mission de maintenir l'ordre du monde, Assurbanipal décida d'en finir. La violence pure viendrait seule à bout du caractère irréductible des Élamites... La plaine élamite devait disparaître et devenir un désert : ses villes, des entassements de ruines. Je détruisis, j'anéantis, je brûlai par le feu et transformai en collines de débris quatorze villes... De leurs habitants, je fis la destruction..., écrit Assurbanipal. Cela se passait vers 647 avant Jésus-Christ. » (1)

Le 8 août 1945, le président du pays, grâce auquel la paix fut rétablie dans le monde, décida que face au « caractère irréductible » des Japonais, il fallait les menacer de détruire leur ville d'un seul coup. Pour leur prouver que c'était possible, on détruisit avec une seule bombe à chaque fois Hiroshima, puis Nagasaki. La terreur était revenue, mais elle avait changé de nature : elle s'appelait désormais « terreur atomique ».

Lisant l'histoire ancienne, nous sommes horrifiés par la brutalité des combattants, la volonté systématique des vainqueurs de réduire à néant les vaincus. Mais que dira-t-on de notre époque dans vingt-cinq siècles, si toutefois l'Humanité ne s'est pas autodétruite avec ces armes folles ? Nous aussi, vainqueurs et vaincus, belligérants des deux camps, nous avons réduit en « collines de débris » des centaines de villes à travers l'Europe et l'Extrême-Orient.

« De leurs habitants, hommes, femmes, enfants, nous avons fait la destruction ! » Avec l'explosif traditionnel d'abord, puis ces deux villes par une arme nouvelle, dont la caractéristique était de tout détruire, absolument tout. Si bien qu'aucun secours ne pouvait alléger les souffrances des survivants. En effet, les hôpitaux, les médicaments, le corps médical, les services de secours, tout avait disparu dans le feu atomique, même l'air et l'eau étaient devenus des sources de contamination.

Éliminer les armes nucléaires

C'est sans doute parce que le sommet de l'horreur avait été atteint que nous avons pu éviter une troisième guerre mondiale. Mais cette paix repose sur un volcan qui peut, à chaque instant, engloutir l'Humanité. Le geste désespéré d'un gouvernant acculé à sa perte est toujours possible, sans même qu'il soit fou.

L'atome civil aussi est redoutable quand l'accident intervient et cause un danger qui peut surgir des dizaines d'années plus tard. Ainsi, les gigantesques incendies de Russie risquent de disséminer dans l'air des particules radioactives qui sommeillent sous l'humus des forêts touchées par le nuage de Tchernobyl voici vingt-quatre ans. Quant aux déchets radioactifs, nous savons qu'ils sont nocifs pour des siècles et des siècles...

Mais, le pire du pire, ce sont ces 22 000 têtes nucléaires détenues par quelques pays et la volonté de certains autres de parvenir à en fabriquer. Les réunions sur le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) n'aboutissent guère qu'à des voeux pieux.

Pourtant, la seule manière d'éviter le drame est connue. Le secrétaire général de l'Onu, M. Ban Ki-Moon, l'a dit en toute clarté, jeudi, à Nagasaki, sur le site où eut lieu l'effroyable holocauste que nous avons commémoré : « Le seul moyen de s'assurer que de telles armes ne seront plus jamais utilisées est de les éliminer toutes. »

Enfin, tout est dit, mais pratiquement tout reste à faire.

(1) Assurbanipal, roi d'Assyrie, de Daniel Arnaud, Fayard.

0 commentaires: