TOUT EST DIT

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samedi 7 août 2010

Piqûre de rappel

Le grand gâchis de la grippe A devait un jour revenir à la surface. Trop d'argent perdu, trop de vaccins, trop de prudence, trop de masques? Mais qui pouvait croire qu'il ressortirait au premier jour des vacances gouvernementales, subrepticement glissé sous la porte de l'actualité par le Sénat. Du coup, voilà les experts patentés en éléments de langage privés de leur argument favori sur l'acharnement médiatique contre les honnêtes ministres. Car si le Sénat a un penchant notoire à se prendre pour la haute conscience du peuple, on connaît néanmoins plus virulent comme nid de gauchistes acharnés à démolir le pouvoir. Il n'empêche, le diagnostic des sénateurs enquêteurs est sans appel : le gouvernement s'est « empêtré » dans des contrats « déséquilibrés ».

Décidément, les déclarations de guerre estivales ne valent rien au gouvernement. Tout juste avant de partir en vacances, Nicolas Sarkozy déclare la guerre à la violence et déclenche le tollé que l'on sait. L'an dernier au même moment, c'était la guerre au virus avec une débauche de moyens et des stratégies de batailles totales qui sont aujourd'hui pointées du doigt sénatorial.

Roselyne Bachelot objecte que la volée de bois vert eût été bien plus rude si la pandémie avait provoqué l'hécatombe annoncée par l'OMS. On peut entendre l'argument sur le strict plan politique. Mais, dans le rapport, le reproche le plus subversif est celui du manque de transparence dans les contrats avec l'industrie pharmaceutique : il appelle, lui, de véritables explications. Car, au-delà d'une gestion de stress contre-productive et de la disproportion des dispositifs, le Sénat appuie sur « l'opacité des contrats d'achat de vaccins ». Une sorte de piqûre de rappel sur un autre conflit d'intérêts cause de bien des fièvres.

Le mauvais calibrage du risque, les prévisions erronées des scientifiques et l'amateurisme des cabinets ministériels sous la pression d'un Élysée hanté par les morts de la canicule de 2003, sont aujourd'hui écrits noir sur blanc par ce rapport en forme de désaveu. Si au moins, et pour le cas où le risque épidémiologique réapparaîtrait cet hiver, on acceptait pour vérité définitive que précaution n'est pas préparation !

DANIEL RUIZ

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