TOUT EST DIT

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lundi 2 août 2010

Détricotage médical

Il y a un an exactement, M me Bachelot faisait adopter au Parlement une grande loi d'organisation du système de santé. La clef de voûte de la réforme reposait sur de nouvelles Agences régionales de santé dotées de puissants moyens de rationalisation de l'offre de soins. Depuis lors, le sentiment domine que plus le temps passe et plus le courage politique initial s'évanouit.

A vrai dire, le coup de mou avait commencé dès l'examen du projet de loi devant le Parlement. Fort du principe martial affirmé par le président de la République selon lequel, pour lutter contre la dispersion des moyens humains et financiers, il ne devait y avoir qu'un seul pilote dans l'avion, le gouvernement avait bâti un projet qui confiait des pouvoirs considérables au directeur de chaque Agence régionale, y compris celui de procéder à des restructurations autoritaires de la carte hospitalière. Sous la pression des élus locaux et des syndicats médicaux, ses compétences avaient été rognées. Or voici qu'au cours des dernières semaines, ce mouvement de détricotage s'est accentué. La ministre de la Santé a d'abord décidé que la disposition de la loi sur la lutte contre les déserts médicaux ne serait tout simplement pas appliquée. Exit, donc la modeste contrainte que la loi instaurait sur les médecins exerçant dans des zones de surdensité, en leur demandant de consacrer un peu de leur temps à une zone voisine en manque de praticiens.

La ministre vient ensuite d'annoncer que le décret prévoyant la fermeture des services chirurgicaux pratiquant moins de 1.500 actes par an était reporté sine die. Cette mesure avait pourtant été présentée comme animée par un souci de sécurité, les petites structures n'ayant pas la pratique suffisante pour faire face à des incidents opératoires. Mais là encore, les pressions locales ont fait reculer le pouvoir. Ce rapport de force entre considérations locales et objectifs nationaux est, certes, une donnée habituelle de la vie démocratique. Mais lorsqu'il conduit à détricoter un pan majeur d'une politique, c'est l'autorité de l'Etat qui est entamée.

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