TOUT EST DIT

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lundi 2 août 2010

L'excellent week-end de la famille Le Pen


La famille Le Pen vient de passer un excellent week-end politique. A la présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait cannibalisé le père, construisant sa conquête du pouvoir sur le siphonnage de ses idées. Et le voilà aujourd'hui qui rend les armes au vieux chef du Front national en validant ses concepts, si longtemps jugés irrespirables, pourtant, par la droite classique. Une reconnaissance inespérée !
Le président de la République et ses amis vont même bien au-delà des utopies du dirigeant de l'extrême droite française. En pratiquant ouvertement l'amalgame entre insécurité et immigration, le chef de l'État a brisé le tabou qui marginalisait Jean-Marie Le Pen depuis vingt-cinq ans. En prévoyant, tout à fait sérieusement, la déchéance de la nationalité française pour les auteurs de crimes et délits d'origine étrangère, il dépasse les rêves les plus fous des frontistes. En laissant Éric Ciotti, homme de main de Christian Estrosi au parlement, envisager de condamner les parents de délinquants mineurs à une condamnation à deux ans ferme pour défaut de suivi, il ose une transgression des principes élémentaires de notre droit que M. Le Pen, fin procédurier, n'avait même pas imaginé...
Nous ne sommes même plus dans la polémique. Même plus dans le débat démocratique avec tout ce qu'il peut comporter, parfois, de calcul et de mauvaise foi. Au cours de ces deux derniers jours, nous avons basculé dans l'outrance et la surenchère. Il n'est plus question de répression, mais d'élection, avec un enjeu : les voix de la droite extrême.
Même si le chef de l'État affirme main sur le cœur qu'il « n'a pas le droit d'y penser », la présidentielle de 2012 a bel et bien commencé.
Sur des bases désolantes. Une espèce de bouillie intellectuelle dans laquelle on n'hésite pas à broyer des valeurs, qui, jusque là, rassemblaient les Français au-delà de leurs choix politiques. L'égalité des citoyens devant la justice, quelle que soit leur origine est remise en question. Une énormité lancée, comme ça, un 31 juillet, avec une incroyable légèreté...
Trop longtemps sous-estimée par la gauche, la sécurité, enjeu majeur, méritait un débat autrement plus adulte. L'ensemble de la classe politique semblait prête à jouer un jeu intelligent. Après huit années de muscle, apparemment inopérantes, orchestrées par M. Sarkozy au ministère de l'Intérieur puis à l'Élysée, la voilà pourtant réduite à des expédients de bazar. Les caricatures vont mécaniquement générer une opposition aussi stérile que primaire et sans doute est-ce le but de la manœuvre... Pendant ce temps, dans les banlieues, les problèmes demeurent et s'aggravent. Désespérant. Sauf pour Marine Le Pen, persuadée, à juste titre, qu'au bout du compte les électeurs « préféreront l'original à la copie », vieil adage paternel...

Olivier Picard

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