TOUT EST DIT

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vendredi 4 juin 2010

Les opérateurs français de plus en plus obligés de brider le débit

Confrontés eux aussi à l'explosion de l'Internet mobile, Orange, SFR et Bouygues Telecom ont temporairement réglé le problème en bridant le débit et en augmentant la capacité.
A partir du 7 juin, l'expérience ATT va être scrutée de près par les opérateurs français. Ils ont beau jurer leurs grands dieux que leurs réseaux sont à toute épreuve grâce à des investissements importants, eux aussi voient le mur de l'Internet mobile se rapprocher. Mais, après avoir déployé tant d'efforts marketing pour attirer le chaland avec leurs offres illimitées, depuis trois ans, ils ne sont pas prêts à mettre fin au festin des « mobi-goinfres ». Chez Bouygues Telecom, par exemple, on explique que la question n'est « pas à l'ordre du jour du tout ». D'ailleurs, l'opérateur vient d'augmenter la quantité de données que les abonnés de son offre Ideo peuvent consommer avec leur mobile, de 500 mégaoctets à 2 gigaoctets. Au-delà, le groupe ne fait pas payer un supplément à son client, mais rétrécit la taille du tuyau (donc la capacité à télécharger) à 128 kilobits par seconde.

« Offres d'abondance »

Et tous les opérateurs font de même en France, ce qui fait dire à Edouard Barreiro, de l'UFC-Que Choisir, que les offres ne sont pas formulées correctement : « En France, les forfaits ne sont pas illimités, car soit les débits sont le plus souvent bridés au-dessus d'un certain plafond, soit l'utilisateur ne peut télécharger de grosses pièces jointes. Les forfaits n'offrent pas non plus un réel accès à l'Internet, puisque des services comme le peer to peer, la voix sur IP, voire les emails sont interdits ». Apparemment, les opérateurs télécoms sont sensibles à la critique, car, chez Orange comme SFR, on réfléchit à des termes plus adéquats. Parler d'offres d'abondance sera-t-il une façon de préparer les esprits… à la fin de l'Internet illimité ? L'iPad permet d'ores et déjà aux opérateurs d'expérimenter la tarification au volume de données : il n'y a pas d'illimité, mais des recharges payantes, par exemple 10 euros pour 200 mégaoctets chez Orange. De là à envisager la fin de l'illimité, il y a un pas. « Ces forfaits sont une clef pour développer les usages. Nous ne reviendrons pas en arrière sur la générosité et l'abondance », explique Guillaume de Lavallade, directeur marketing réseaux chez SFR - qui lance une nouvelle gamme illimitée en ce moment. Certes, le trafic Internet mobile triple tous les ans depuis 2007, date du lancement du premier forfait Illimythics, mais l'opérateur mise dans l'immédiat sur l'augmentation des capacités : acquisition d'une nouvelle bande de fréquences 3G, déploiement de la « 3G + »… et même amélioration de l'encodage des contenus. « La pédagogie, il faut la faire du côté des éditeurs de contenus », souligne Guillaume de Lavallade.

Position intenable

Cependant, la position des opérateurs français, qui parlent investissements réseaux dès qu'on évoque le problème de la tarification, sera intenable à long terme, estime un consultant spécialisé. « SFR et Orange étudient la possibilité d'utiliser leurs points d'accès Wi-Fi pour faire avaler la pilule de la fin des forfaits données illimitées », souligne-t-il : les connexions Wi-Fi sont gratuites, hors forfait. SFR est particulièrement bien placé grâce à son réseau de 2 millions de « box » Wi-Fi ouvertes. L'opérateur travaille aussi avec une société canadienne, Bridgewater Systems, sur la mise en place d'un compteur de données, indispensable si l'on veut gérer les consommations de façon plus fine et permettre à chacun de surveiller sa facture. Hélas, les systèmes d'information de SFR comme d'Orange ne sont pas prêts à accueillir cette nouvelle fonctionnalité. Ce sera donc un projet de longue haleine.

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