TOUT EST DIT

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jeudi 6 mai 2010

Le drame, la peur et l'impuissance


Les dramatiques événements d'Athènes ne sont pas à mettre au compte de l'exaspération collective. Les trois personnes mortes dans l'incendie d'une banque sont les victimes des groupuscules anarchistes grecs. Ils n'ont jamais hésité à tuer.
Mais la triste nouvelle a semé l'effroi en Europe. En posant une question que personne jusqu'à présent n'osait ouvertement formuler : le gouvernement Papandréou restera-t-il en place et sera-t-il en mesure d'appliquer le plan de rigueur, condition sine qua non des 110 milliards de prêts annoncés ? La réponse se limite à un silence assourdissant. Sauf chez quelques économistes constatant l'évidence : l'austérité va automatiquement creuser la récession en Grèce, ce que confirment d'ailleurs les prévisions de Bruxelles. Comment, dans ces conditions, quand l'économie ne tourne plus, espérer un rétablissement ? Un malade déjà anémique ne guérit pas avec des purges. Même si des saignées sont nécessaires dans la pléthorique bureaucratie grecque rarement insensible aux pots de vin...
Évidemment, ces incertitudes sur le remboursement de la dette et l'engagement des banques en Grèce pèsent sur l'euro. Hier soir, il frisait les 1,28 dollars. L'effet domino continue avec le Portugal et l'Espagne qui représente 12% de l'activité économique de l'UE. Avec toujours les mêmes mécanismes : des agences de notation qui affolent les marchés, des rumeurs à vitesse électronique, des gouvernements incapables de faire face... et une Europe paralysée, adepte de la politique de l'autruche jusqu'au dernier moment. Car il n'y a pas consensus pour toucher, du moins officiellement, aux dogmes de la monnaie unique dont le catéchisme ne prône que la stabilité, et à tout prix.
Le problème est là. L'euro est né dans un continent libéré des menaces de la guerre froide, lorsque la mondialisation n'était encore que balbutiante et la Chine absente de la scène économique. L'euro, d'abord comptable puis sonnant et trébuchant, se mouvait à merveille dans ce havre de paix... jusqu'aux tempêtes. Pour garder cet euro ciment de la construction européenne, pour faire face aux crises, un gouvernement économique et monétaire s'impose, et rapidement !
La preuve ? Question déficits, le Royaume-Uni n'a rien à « envier » à la Grèce, encore moins à l'Espagne. Mais il demeure inattaquable car Gordon Brown a su gérer souverainement - même s'il devait être « remercié » aujourd'hui - en acceptant la dépréciation de la livre. Quant à l'euro, il « vole » sans pilote. En pleines turbulences, la monnaie unique reste verrouillée, toutes alertes au rouge, sur le pilotage automatique programmé au siècle dernier.
Le sommet de Bruxelles, demain, décidera-t-il enfin d'adapter les commandes de l'euro, et pas seulement avec une nouvelle version d'un « pacte de stabilité » aussi inefficace que facteur d'instabilité politique et sociale ?

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