TOUT EST DIT

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jeudi 6 mai 2010

La chute de la monnaie unique pourrait s'accélérer, selon les économistes

Il y a six mois, les dirigeants européens se seraient sans doute réjouis de voir passer l'euro sous le seuil de 1,28 dollar. Aujourd'hui, la baisse brutale de la monnaie unique apparaît comme le symptôme effrayant d'une crise grecque en train de gangrener la zone euro. Jeudi 6 mai, pour la première fois depuis mars 2009, la devise européenne a chuté jusqu'à 1,2748 dollar alors qu'elle s'échangeait encore 1,45 dollar début 2010.

L'euro recule régulièrement depuis plusieurs mois, à mesure que se dégrade la situation en Grèce. Mais ses pertes se sont accrues ces derniers jours face au dollar. Un paradoxe au moment où l'Europe et le Fonds monétaire international (FMI) s'engagent formellement à prêter 110 milliards d'euros à Athènes ? Le FMI pourrait même débloquer sa part dès lundi 10 mai.

En réalité, les déclarations rassurantes des capitales européennes n'y font rien : les marchés continuent de croire au scénario d'une faillite de la Grèce et au risque de contagion au Portugal et à l'Espagne. Le directeur général du fonds américain Pimco, géant mondial de l'investissement obligataire, l'a résumé dans une tribune au Financial Times : les fonds qui seront versés à Athènes régleront son problème de "liquidité" à court terme, mais ne garantissent en rien sa "solvabilité" à long terme.

Surtout, "la crise n'est plus exclusivement grecque, fait remarquer Marc Touati, directeur de la société de Bourse Global Equities. C'est toute la zone euro qui est devenue un objet de défiance".

La crise, jusqu'alors concentrée sur les marchés obligataires, est en train de se doubler d'une crise de change. Au regard de sa courte histoire, l'euro n'est pas si faible : il s'échangeait 1,18 dollar au moment de son introduction en 1999, et était tombé jusqu'à 0,82 dollar en 2000. Il reste aussi toujours loin du point bas touché au pire de la crise financière en décembre 2008, à 1,24 dollar. Certains économistes soulignent d'ailleurs que son recul actuel constitue un soutien bienvenu aux exportateurs. Reste que personne ne peut vraiment prédire aujourd'hui jusqu'où se poursuivra sa glissade.

"SEUIL PSYCHOLOGIQUE"

"Quand l'euro est passé sous la barre de 1,30 dollar mardi, cela a cassé un seuil psychologique important", décrit David Deddouche, stratège à la Société générale. Selon l'analyste, "tous les investisseurs commencent à devenir nerveux".

Outre-Atlantique, notamment, la crise européenne est désormais suivie de près. "Les Etats-Unis ne comprennent pas très bien le fonctionnement de la zone euro. La moindre alerte effraie les investisseurs de court terme", observe Timothy Griskey, gérant du fonds Solaris à New York. "Il y a eu un mouvement de vente de l'euro mais il ne s'agit pas encore d'une action massive", précise, de son côté, Dan North, chef économiste d'Euler Hermes aux Etats-Unis. Pourtant si la crise dégénère, les choses pourraient s'accélérer. Et "l'euro pourrait chuter jusqu'au niveau de 1 dollar", estime-t-il.

Tous les yeux sont tournés vers la Banque centrale européenne (BCE) dont le conseil des gouverneurs devait se réunir, jeudi matin, à Lisbonne. Les analystes s'interrogent : l'institution de Jean-Claude Trichet choisira-t-elle de soulager les pays les plus fragiles en achetant elle-même des emprunts d'Etat ? Un pas a déjà été fait dans cette direction quand la BCE a annoncé, lundi, vouloir refinancer les banques grecques quelle que soit la notation d'Athènes.

Ce genre de décision est pourtant à double tranchant. Elle provoquerait sans doute une détente des taux dans les pays malmenés par les marchés. Mais elle laisserait aussi entendre que la crise est d'une extrême gravité. Certains, en Allemagne notamment, redoutent surtout que la crédibilité de la BCE en ressorte définitivement écornée. Au point de menacer, pour de bon, la stabilité de l'euro.
Marie de Vergès et Claire Gatinois

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