TOUT EST DIT

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lundi 29 mars 2010

Tout au fond de la piscine


En ce lundi matin, le président de la République peut avoir au moins une certitude. La semaine qui s'ouvre pourra difficilement être pire que la précédente, franchement calamiteuse.
Huit jours après le naufrage de l'UMP aux régionales, le chef de l'État est tout au fond de la piscine. Il a atteint son plus bas niveau de popularité depuis son entrée à l'Élysée : 30 % d'opinions favorables (sondage Ifop/JDD). La confirmation que la gifle électorale le visait personnellement, lui, l'ultra-présidence, son style, et ses méthodes.
La contestation monte aussi des rangs de ses propres troupes. Jusqu'à l'insolence. Le séminaire des parlementaires UMP, organisé aujourd'hui par Jean-François Copé, renverse jusqu'à la logique institutionnelle en prétendant sceller un « nouveau pacte majoritaire » qui fixerait le cap pour la suite du quinquennat. Avec, évidemment, l'intention proclamée d'oeuvrer à la réélection du président. Cette sollicitude, on s'en doute, ne plaît guère à l'intéressé. Elle a les allures polies, mais insupportables, d'une mise sous surveillance.
Même si son Premier ministre se défend de tout calcul, il est présenté comme un rival, mis en compétition avec le président pour la candidature en 2012. François Fillon rappelle son indéfectible loyauté, mais avec ses 19 points d'avance et sa bonne image à droite, il peut laisser à d'autres le soin d'avoir des ambitions pour lui... Et voilà même qu'Alain Juppé, à son tour, se dit prêt à concourir dans des primaires à droite... au cas où le président ne solliciterait pas un nouveau mandat.
Cette dernière hypothèse, lancinante et entretenue par les souhaits énigmatiques du père et de la compagne du chef de l'État, tient cependant plus du fantasme que du vraisemblable. Manipulation ? Simple teasing ? Comment imaginer qu'un président de la République puisse sérieusement s'interroger sur son envie de se représenter ? La fonction suprême de notre démocratie, c'est autant un accomplissement qu'un aboutissement. On n'y renonce pas si facilement. Pour elle, De Gaulle avait affronté un second tour vécu comme humiliant. Pour rendre possible un second mandat hypothéqué par son cancer, Pompidou avait même fait voter le quinquennat dès 1973 (mais il ne fut jamais entériné par le Congrès). Pour Giscard, Mitterrand et Chirac, une nouvelle candidature était une évidence...
Moins encore que ses prédécesseurs, le chef de l'État ne possède le tempérament de l'abandon. Pas vraiment son genre d'être en proie à la tentation de Venise... Affaibli, le voilà entouré d'un parfum de curée aussi détestable que le furent les hymnes hagiographiques de sa cour. Après tout Mitterrand et Chirac s'étaient miraculeusement redressés, sauvés par des cohabitations qui les avaient exonérés de l'écrasante responsabilité du pouvoir. Lui, devra faire sans cet atout.

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