TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 16 mars 2010

Berlin défend son modèle exportateur contre les reproches d'égoïsme de ses partenaires

En réponse aux réserves de Christine Lagarde à propos du modèle allemand de pression sur les coûts de main-d'oeuvre, le gouvernement appelle ses voisins à atteindre le même degré de compétitivité. L'association des exportateurs rétorque, elle, que la force des produits allemands provient de leur qualité et de l'innovation.
Christine Lagarde a visiblement touché un nerf, en Allemagne, en mettant en cause, en une du « Financial Times » d'hier, les excédents commerciaux allemands. Dans son entretien au quotidien britannique, la ministre des Finances s'interroge sur le modèle allemand de « forte pression sur les coûts de main-d'oeuvre », doutant qu'il « soit viable à long terme et pour l'ensemble du groupe » de la zone euro. « Ceux avec des excédents ne pourraient-ils pas faire un petit quelque chose ? », s'interroge la ministre, pour qui « on ne peut pas demander à un acteur, aussi important soit-il, de tirer l'ensemble du groupe. Mais il faut clairement que nous partagions le sens de ce destin commun qui nous lie à nos partenaires ». Joaquin Almunia, commissaire européen à la Concurrence, a corroboré hier ces propos en appelant depuis Madrid à « faire attention à tous les déséquilibres, y compris ceux de la balance des paiements ».

Selon le quotidien « Bild », Christine Lagarde aurait résumé l'opinion de plusieurs Etats membres de la zone euro, inquiets de leurs déficits courants avec l'Allemagne. Ces derniers auraient demandé à la Commission européenne de se saisir du dossier et de leur assurer de meilleures chances d'exportation vers l'Allemagne. Bruxelles serait en train de rédiger un rapport sur les déséquilibres au sein de l'Union européenne, assorti de recommandations spécifiques pays par pays.
Devenir aussi compétitifs

Interrogé au point presse de la mi-journée, le porte-parole d'Angela Merkel avait visiblement préparé une réponse très élaborée. Reprenant un discours déjà tenu dans le passé par la chancelière, il a d'abord rappelé que « l'Allemagne n'est pas un pays où les salaires et le niveau de la consommation sont déterminées par l'Etat ». Il a ensuite indiqué que le pays dispose d'un Mittelstand, c'est-à-dire d'un tissu de PME, très spécialisé et fortement exportateur, « dont nous sommes fiers ». « La question est plutôt de savoir comment les autres pays peuvent atteindre ce résultat, a précisé Christoph Steegmans, il est plus profitable de réfléchir à une stratégie de croissance plutôt que d'obliger certains à se retenir artificiellement ». En clair, c'est aux autres de devenir aussi compétitifs que l'Allemagne.

L'association des exportateurs allemands s'est montrée plus virulente. « Notre secret, ce n'est pas le prix, a expliqué le porte-parole de la BGA. Nos principaux arguments de vente, ce sont la qualité et l'innovation. Avec le seul argument du prix nous ne pourrions concurrencer des pays à bas coûts comme la Chine. » En réponse aux reproches d'égoïsme adressés à l'Allemagne depuis le début de la crise, André Schwarz répond qu' « on ne prend pas automatiquement quelque chose au voisin, quand on a du succès. Nos principaux concurrents ne sont pas dans l'UE, mais aux Etats-Unis ou au Japon ou encore dans les pays en développement comme l'Inde ou la Chine ».

Les sites Internet de référence ont largement couvert le dossier, qui a décroché leur une. Le Spiegel Online explique que « la compétitivité de pays comme le Portugal ou la Grèce ne cesse de se dégrader depuis l'introduction de l'euro, mais, au lieu de réformer, ils vivent depuis des années à crédit ». Le « Financial Times Deutschland », lui, s'en prend aux donneurs de leçon anglo-saxons, notamment britanniques. « Que devrions-nous acheter au Royaume-Uni ? Les services de courtiers en devises qui attaquent l'euro ? Des financiers de "private equity" qui désossent des entreprises traditionnelles locales ? Des spécialistes de dérivés de crédit qui parient sur le défaut de paiement de la Grèce ? » La guerre des modèles économiques pourrait bien avoir lieu.

0 commentaires: