TOUT EST DIT

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jeudi 4 février 2010

Le radar "vitesse moyenne" : l’arme fatale est pour demain

Une nouvelle génération de radar verra le jour l’an prochain en France, complémentaire des radars fixes ou embarqués. Cet appareil permettra de contrôler la vitesse non pas à l’instant T mais en moyenne sur un itinéraire de plusieurs kilomètres.
La déléguée interministérielle à la Sécurité routière, Michèle Merli, précise que ce dispositif, en cours d’homologation,
aura vocation à être installé dans des zones accidentogènes, pas forcément sur l’autoroute. Mais plutôt dans des tunnels,
sur des ponts, axes secondaires, etc. C’est le Centre d’études techniques de l’équipement (Cete), basé à Aix, qui a mis au point le prototype. Son nom de code ? Scalp…

"Scalp", c’est une arme fatale. Ce n’est pas le nom d’un célèbre Peau-rouge ou celle
d’une historique chevauchée. C’est le
nom de code, résolument guerrier, d’un prototype de radar, dit de "vitesse moyenne", appelé aussi radar de "tronçon". Avec cette nouvelle boîte à PV, aucune tête ne dépassera. La conduite sera d’une rigueur automatique : ce nouvel appareil, que le gouvernement envisage de déployer d’ici 2011, mesurera à quelle vitesse vous avez roulé entre deux points. Imparable.

Le but ? Améliorer la sécurité routière et « gagner des vies. Chaque année, 1 000 peuvent être épargnées », répète Michèle Merli, déléguée interministérielle à la Sécurité routière. « Le dispositif fera perdre des points mais nous fera gagner des vies ! Nous en avons gagné 12 000 en quelques années et on a évité 100 000 blessés. » Elle défend « l’équité de la sanction car avec ce système les grands excès de vitesse sont verbalisés ». Royaume-Uni, Autriche, République Tchèque, Italie, Pays-Bas, Allemagne, Australie et Norvège testent ce dispositif. Des radars "tronçon" sont déjà expérimentés depuis 2003 en France sur l'A10 au nord d'Orléans. Le principe : au moins deux caméras sont installées sur deux ponts distants de 10 à 20 km - sans bretelle de sortie - détectant les véhicules et indiquant sur un panneau lumineux aux automobilistes qu'ils roulent trop vite. C’est la version pédagogique. Elle sera conservée mais « il y aura aussi la version répressive.

Ce radar aura vocation à être installé dans des tunnels ou des ouvrages d’art (ponts, passerelles…) "accidentogènes". Ce ne sera pas un système dédié aux autoroutes mais plutôt aux routes et au réseau secondaire. » Michèle Merli précise que les implantations seront décidées en concertation menée par les préfets avec les collectivités. Ce radar "tronçon", en voie d’homologation, a été mis au point avec le Centre d'études techniques de l'équipement (Cete) Méditerranée, basé à Aix-en-Provence. Le ministère des Transports a confirmé ce projet à la suite d’une question écrite du député UMP du Val d'Oise, Georges Mothron, au Journal officiel. « C’est moins dangereux que les radars classiques : il n'incite pas les automobilistes roulant à des vitesses excessives à ralentir de manière brusque à l'approche des radars automatiques ». Pas de redoutables "stop and go". « Cela semble moins piégeux », souligne Laurent Hécquet, directeur général de 40 millions d’automobilistes. « La vitesse n’est pas la première cause d’accident contrairement à la somnolence et le non respect des distances de sécurité. Ce système stressera davantage les automobilistes surtout sur autoroutes qui n’enregistrent que 5 % des tués ».

Deux failles juridiques
Rémy Josseaume est président de la commission juridique de l’association nationale "40 millions d’automobilistes" qui fédère
26 automobile clubs et 360 000 adhérents. « La problématique est double. Premièrement, la législation n’est pas adaptée », affirme l’auteur de plusieurs livres de références sur le sujet. « Aujourd’hui, elle permet de sanctionner une vitesse à un endroit précis. Mais pas une vitesse continue dans le temps. » Il faudra donc modifier la législation si l’on veut utiliser ces radars "tronçon".

Deuxièmement, toujours selon le juriste, sur une portion de route de 20 km par exemple, que se passe-t-il si l’on change de conducteur ? « Qui est responsable de quoi ? » D’autre part, pour Rémy Josseaume « la multiplication des radars ne repose sur rien. L’administration pense qu’elle envoie ainsi un signal pédagogique fort ; que plus de radars, c’est moins d’infractions. Si c’était le cas, on le verrait depuis 2003… C’est l’inverse qui se produit. »

Selon les spécialistes de 40 millions d’automobilistes, actuellement 8 à 9 millions de PV sont distribués chaque année par les radars, fixes et mobiles. Ce chiffre sera porté à 25 millions de PV / an quand l’ensemble des 5 000 radars seront installés. Si l’on ajoute les 15 millions de PV qui sanctionnent les autres infractions au Code de la route, on atteint 40 millions de PV par an. « Cela signifie que statistiquement chacun des 40 millions de conducteurs français aura au moins reçu un procès-verbal dans l’année… »

Rémy Josseaume ajoute 2010 et 2011 seront révélatrices : le maillage de radars automatiques en France sera complet. Il a été imaginé principalement pour réduire les grosses infractions. Aujourd’hui, ceux qui perdent leur permis sont en majorité des gens qui ont commis des petites infractions leur coûtant 1 ou 2 points. « Le dispositif touche donc les plus petits. » l

L’association a lancé un appel à témoins en octobre en vue d’une action collective contre l'État auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme. Pour elle, le commissaire de police, qui reçoit les réclamations à propos de PV, n'a pas à juger de la pertinence du dossier. C'est au juge de proximité de le faire. Dix dossiers seront déposés courant mars.


Olivier SCHLAMA

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