Une nouvelle génération de radar verra le jour l’an prochain en France, complémentaire des radars fixes ou embarqués. Cet appareil permettra de contrôler la vitesse non pas à l’instant T mais en moyenne sur un itinéraire de plusieurs kilomètres.
La déléguée interministérielle à la Sécurité routière, Michèle Merli, précise que ce dispositif, en cours d’homologation,
aura vocation à être installé dans des zones accidentogènes, pas forcément sur l’autoroute. Mais plutôt dans des tunnels,
sur des ponts, axes secondaires, etc. C’est le Centre d’études techniques de l’équipement (Cete), basé à Aix, qui a mis au point le prototype. Son nom de code ? Scalp…
"Scalp", c’est une arme fatale. Ce n’est pas le nom d’un célèbre Peau-rouge ou celle
d’une historique chevauchée. C’est le
nom de code, résolument guerrier, d’un prototype de radar, dit de "vitesse moyenne", appelé aussi radar de "tronçon". Avec cette nouvelle boîte à PV, aucune tête ne dépassera. La conduite sera d’une rigueur automatique : ce nouvel appareil, que le gouvernement envisage de déployer d’ici 2011, mesurera à quelle vitesse vous avez roulé entre deux points. Imparable.
Le but ? Améliorer la sécurité routière et « gagner des vies. Chaque année, 1 000 peuvent être épargnées », répète Michèle Merli, déléguée interministérielle à la Sécurité routière. « Le dispositif fera perdre des points mais nous fera gagner des vies ! Nous en avons gagné 12 000 en quelques années et on a évité 100 000 blessés. » Elle défend « l’équité de la sanction car avec ce système les grands excès de vitesse sont verbalisés ». Royaume-Uni, Autriche, République Tchèque, Italie, Pays-Bas, Allemagne, Australie et Norvège testent ce dispositif. Des radars "tronçon" sont déjà expérimentés depuis 2003 en France sur l'A10 au nord d'Orléans. Le principe : au moins deux caméras sont installées sur deux ponts distants de 10 à 20 km - sans bretelle de sortie - détectant les véhicules et indiquant sur un panneau lumineux aux automobilistes qu'ils roulent trop vite. C’est la version pédagogique. Elle sera conservée mais « il y aura aussi la version répressive.
Ce radar aura vocation à être installé dans des tunnels ou des ouvrages d’art (ponts, passerelles…) "accidentogènes". Ce ne sera pas un système dédié aux autoroutes mais plutôt aux routes et au réseau secondaire. » Michèle Merli précise que les implantations seront décidées en concertation menée par les préfets avec les collectivités. Ce radar "tronçon", en voie d’homologation, a été mis au point avec le Centre d'études techniques de l'équipement (Cete) Méditerranée, basé à Aix-en-Provence. Le ministère des Transports a confirmé ce projet à la suite d’une question écrite du député UMP du Val d'Oise, Georges Mothron, au Journal officiel. « C’est moins dangereux que les radars classiques : il n'incite pas les automobilistes roulant à des vitesses excessives à ralentir de manière brusque à l'approche des radars automatiques ». Pas de redoutables "stop and go". « Cela semble moins piégeux », souligne Laurent Hécquet, directeur général de 40 millions d’automobilistes. « La vitesse n’est pas la première cause d’accident contrairement à la somnolence et le non respect des distances de sécurité. Ce système stressera davantage les automobilistes surtout sur autoroutes qui n’enregistrent que 5 % des tués ».
Deux failles juridiques
Rémy Josseaume est président de la commission juridique de l’association nationale "40 millions d’automobilistes" qui fédère
26 automobile clubs et 360 000 adhérents. « La problématique est double. Premièrement, la législation n’est pas adaptée », affirme l’auteur de plusieurs livres de références sur le sujet. « Aujourd’hui, elle permet de sanctionner une vitesse à un endroit précis. Mais pas une vitesse continue dans le temps. » Il faudra donc modifier la législation si l’on veut utiliser ces radars "tronçon".
Deuxièmement, toujours selon le juriste, sur une portion de route de 20 km par exemple, que se passe-t-il si l’on change de conducteur ? « Qui est responsable de quoi ? » D’autre part, pour Rémy Josseaume « la multiplication des radars ne repose sur rien. L’administration pense qu’elle envoie ainsi un signal pédagogique fort ; que plus de radars, c’est moins d’infractions. Si c’était le cas, on le verrait depuis 2003… C’est l’inverse qui se produit. »
Selon les spécialistes de 40 millions d’automobilistes, actuellement 8 à 9 millions de PV sont distribués chaque année par les radars, fixes et mobiles. Ce chiffre sera porté à 25 millions de PV / an quand l’ensemble des 5 000 radars seront installés. Si l’on ajoute les 15 millions de PV qui sanctionnent les autres infractions au Code de la route, on atteint 40 millions de PV par an. « Cela signifie que statistiquement chacun des 40 millions de conducteurs français aura au moins reçu un procès-verbal dans l’année… »
Rémy Josseaume ajoute 2010 et 2011 seront révélatrices : le maillage de radars automatiques en France sera complet. Il a été imaginé principalement pour réduire les grosses infractions. Aujourd’hui, ceux qui perdent leur permis sont en majorité des gens qui ont commis des petites infractions leur coûtant 1 ou 2 points. « Le dispositif touche donc les plus petits. » l
L’association a lancé un appel à témoins en octobre en vue d’une action collective contre l'État auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme. Pour elle, le commissaire de police, qui reçoit les réclamations à propos de PV, n'a pas à juger de la pertinence du dossier. C'est au juge de proximité de le faire. Dix dossiers seront déposés courant mars.
Olivier SCHLAMA
jeudi 4 février 2010
Le radar "vitesse moyenne" : l’arme fatale est pour demain
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