Paris et Berlin affichent leur ambition dans six domaines principaux de coopération. La France soutiendra notamment l'Allemagne pour l'obtention d'un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.
Pour leur feuille de route commune, peaufinée depuis plusieurs mois, laborieusement parfois, Paris et Berlin ont affiché leur ambition d'aboutir à des mesures, quatre-vingts au total, qui ne se limitent pas à des symboles, moins encore à des «gadgets». La dimension symbolique ne sera toutefois pas absente, ce jeudi matin à l'Élysée, puisque les deux gouvernements au grand complet se réuniront sous la houlette de Nicolas Sarkozy et d'Angela Merkel dans le salon Murat, cadre du rituel Conseil des ministres du mercredi matin. À l'avenir néanmoins, cet aréopage conjoint, dont c'est jeudi la douzième rencontre, ne comptera finalement pas le fameux «ministre franco-allemand», idée un peu hâtivement lancée par Paris et que Berlin a rejeté pour des raisons politiques et institutionnelles. En revanche, les deux secrétaires d'État aux Affaires européennes se présenteront, une fois par an, devant le Conseil des ministres conjoint et pourront participer, au cas par cas, aux réunions de cabinet du partenaire.
Voilà pour les symboles. La déclaration que les deux dirigeants présenteront jeudi matin se veut, quant à elle, un «agenda ambitieux et concret», selon l'Élysée, destiné à relancer les relations franco-allemandes au cours des dix années à venir. Le projet initial remonte à un dîner, fin octobre, entre le président de la République et la chancelière. Des pistes d'intérêts communs ont alors été lancées. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en ont reparlé le 9 novembre à Berlin lors de la commémoration de la chute du Mur et deux jours plus tard, à Paris, lors de l'anniversaire de l'Armistice. Les deux ministres, Pierre Lellouche et Werner Hoyer se sont ensuite mis au travail : leur boîte à idées, plus ou moins facilement remplie, sur fond de convergences face à la crise mais aussi de différences d'approche «culturelles» concernant la politique économique, a fini par contenir quarante mesures. Le document a été solennellement présenté le mois dernier aux deux têtes de l'exécutif de chaque côté du Rhin. Cette première liste de projets a ensuite été «moulinée» puis élargie au cours d'un travail interministériel à nouveau validé au sommet.
Meilleure gouvernance
Le résultat, dévoilé ce jeudi matin, consistera en un long document de quatre-vingts propositions dans six grands domaines de coopération : l'économie, les finances et l'emploi ; l'environnement et l'énergie ; l'innovation, la recherche et l'éducation ; la politique étrangère, la sécurité et la défense ; le rapprochement des sociétés civiles ; la dimension institutionnelle. Dans le domaine économique, le maître mot, décliné en une série d'initiatives, visera à développer la «convergence» des analyses et des politiques, notamment sur la question cruciale du déficit budgétaire (3 % du PIB en Allemagne contre près de 8 % en France), sur laquelle les deux pays affichent des priorités discordantes.
Paris et Berlin entendent aussi renforcer leurs efforts pour une meilleure gouvernance au sein du G20 et du FMI et approfondir le dialogue entre les entreprises et les partenaires sociaux des deux côtés du Rhin. Pour les énergies renouvelables, des projets communs seront développés au sud de la Méditerranée (plan solaire). En éducation, l'ambition est de multiplier par vingt d'ici à 2020 les doctorants dans le cadre de l'université franco-allemande ; les instituts de recherches, tels Max-Planck et le CNRS, renforceront leurs liens.
En politique étrangère, Paris soutiendra Berlin pour l'obtention d'un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. La coopération policière et la lutte contre le trafic de drogue seront développées, de même que la coordination des politiques en matière migratoire. Les échanges de jeunes, dans le cadre de l'Ofaj, recevront une nouvelle impulsion, un volontariat civique franco-allemand sera mis en place, etc. Une profusion d'initiatives que l'on s'efforçait aussi, mercredi à l'Élysée, de replacer dans le cadre européen. Dans nombre de domaines, comme l'intégration des politiques énergétiques, le duo franco-allemand ne pourra faire bande à part au sein des Vingt-Sept.
jeudi 4 février 2010
Les 80 propositions de Merkel et Sarkozy
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