Les listes socialistes pour les régionales promettaient un enfantement dans la douleur. Renouvellement, « diversité » et ouverture obligent, les sortants ont, en effet, du numéroter leurs abattis (dans certaines région, le renouvellement atteindrait les 50%). D’autant que les candidats se sont – comme toujours lorsqu’il y a des élections au PS - bousculés au portillon. Attendu, l’émoi des éconduits et l’acrimonie des non-reconduits a tout de même pris des dimensions éloquentes. Dignes d’une tragédie grecque (« grand malheur arrivé à des personnages célèbres de la légende ou de l’Histoire, propre à exciter la terreur ou la pitié » dixit Le Robert). Et, surtout, révélatrices non seulement du caractère central que revêtent les élections locales au PS mais aussi de certains comportements – dénoncés ouvertement du haut en bas du parti – que l’on peut définir par la formule « pourquoi pas moi ? ». « Parle à mon surmoi, ma tête est malade » devrait devenir la devise des socialistes.
A cet, égard il faut revenir sur le mini-esclandre provoqué samedi, à Tours, lors de l’ouverture de la convention nationale par les secrétaires fédéraux des Hauts-de-Seine et de l’Ariège. On peut comprendre que ces éminents dirigeants n’aient pas apprécié que la commission électorale ait modifié la liste adoptée par les militants. On peut aussi se poser la question de savoir si les modifications apportées – si l’on a bien compris, il s’agissait d’imposer un candidat en 5 ème position dans les Hauts-de-Seine et de changer le titulaire de la troisième position dans l’Ariège – justifiaient un tel pataqués en ouverture d’une réunion nationale censée serrer les rangs en début de campagne électorale et donner du PS une image positive devant les médias. Or, dans cette « sociale-démocratie d’élus » qu’est le parti socialiste, le traumatisme est tel que certains ne peuvent le garder pour eux.
Ainsi, mardi, six conseillers régionaux d’Ile-de-France - dont deux vice-présidents sortants – n’ayant pas pu faire aboutir leur candidature se sont offerts un quart-d’heure Warholien de célébrité en annonçant leur décision de quitter le PS, dénonçant rien moins qu’un « un appareil déshumanisé ». Dans une lettre ouverte à Jean-Paul Huchon, les vice-présidents Elisabeth Gourévitch (Lycées) et Serge Mery (Transports), ainsi que les conseillers régionaux Danièle Chazarenc, Nathalie Kaufmann-Khelifa, Michelle Valladon et Jean-Jacques Lejeune s’élèvent contre « la disparition des valeurs fondatrices et collectives du Parti socialiste ». Rien de moins. Commentaire gourmand de l’UMP: “Jean-Paul Huchon est lâché par son propre camp (…) après avoir été lâché par les Verts ». Quant à Convergence-s « le réseau des socialistes qui rejoignent Europe Ecologie pour inventer la gauche de demain » il se frotte les mains. Eric Loiselet, porte parole de Convergence-s qui vient de quitter le PS pour conduire la liste des Verts en Champagne-Ardenne dit « bienvenue à Nathalie, Elisabeth et Jean-Jacques ».
Ce n’est pas nouveau; ces comportements très autocentrés témoignent d’un affaiblissement notoire de la discipline collective. On en saluera avec d’autant plus de respect la décision de Razzy Hammadi, secrétaire national chargé des services publics, de retirer sa candidature aux élections régionales, où il avait été expédié – au terme de longues négociations nocturnes dans la nuit de vendredi à samedi - en quatrième position dans le Calvados. « Je ne peux dignement accepter d’être candidat aux régionales dans le Calvados à la place d’un autre camarade qui milite localement depuis des années » estime Razzy Hammadi, 30 ans, dans un communiqué. « C’est là un parachutage illégitime que je ne peux assumer tant il est déconnecté de mes attaches territoriales et de mon parcours » conclut ce proche de Benoit Hamon.
Jean-Michel Normand
mardi 15 décembre 2009
Régionales : le surmoi défaillant des socialistes
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire