TOUT EST DIT

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lundi 9 novembre 2009

L'enfer, c'est soi-même

Il y a un éternel retour dans les amours brivistes de Chirac et Hollande, un jeu de mimiques comme la politique française en avait le secret, affinités électives, ah! les braves garçons, et si tous les Corréziens du monde voulaient se donner la main!
C’est un classique: Hollande, qui recompose son destin épars en rêve présidentiel, se frotte contre un ex-président redevenu aimable, cherchant le parallélisme des formes. L’amusant, le même Hollande posait en 2005 à la une de Match à côté de Nicolas Sarkozy; il cherchait alors le "spot" enviable de l’ennemi choisi par l’hypercandidat de la droite: deux néo-quinquas partis pour dépoter la politique. Là, c’est l’inverse, mais c’est la même chose. Trouver chez l’autre ce qu’on n’arrive pas à prouver tout seul.

C’est un souci au-delà de la taquinerie. Les socialistes ont l’habitude de se prouver par l’autre, fût-il l’ennemi. A force de constater que l’enfer, c’est soimême, on croit que le paradis est ailleurs. Donc les socialistes cherchent tantôt le Modem, pistent ailleurs les cocos, rêvent de Dany ou Cécile ou Olivier ou François (Bayrou). Poser sur la photo avec les rivaux, et retourner en section pour dire aux copains: "Moi, ils m’acceptent..." Jadis, Chevènement tenait sa force au PS de Mitterrand d’être plus "communisant" que la moyenne, ça valait brevet de pureté.

Etre socialiste et s’aimer quand même, simplement, pour ce qu’on est? Mais qui est-on, au fait? Ça ne date pas d’aujourd’hui, cette équation particulière. Sartre faisait d’un socialiste un personnage veule et pédophile de sa Nausée. Camus s’interrogeait sur l’incapacité des socialistes à s’estimer, c’était juste après la guerre. Socialo, peau de lapin… Mitterrand les a guéris par la victoire, mais alors ils s’aimaient trop, et ça n’a pas duré.

Martine Aubry est une exception enviable, tant elle est exempte de cette affliction. Rien ne va, elle proclame l’offensive, célèbre comme une victoire que les socialistes se disputent moins. Elle aussi va chercher ailleurs les secrets de son espérance, mais un ailleurs idéologique: elle parle à gauche, anticapitaliste, comme on ne l’osait plus au PS depuis plus de vingt ans. C’est un discours sans spécificité rose, débarrassé de cette "culture de gouvernement" qui servait d’excuse, technique pourtant: gouverner, ce sera pouvoir. Si la gauche l’achète, les socialistes se seront fait pardonner, une nouvelle fois.

Les gens sérieux haussent les épaules? Pourquoi? Dans trois ans, une chance sur deux, Aubry sera président de la République. Elle ou Strauss-Kahn. Un socialiste. C’est l’enseignement d’un sondage CSA pour La Chaîne parlementaire. On y voit DSK l’exilé battre Sarkozy dans un second tour présidentiel, 5 contre 49%. Aubry perdait, 47 contre 53, le même score que Delanoë, qui ne dit plus rien… Les masses critiques se ressemblent, et racontent la même histoire. Nicolas Sarkozy est toujours solide, malgré les crises, et il peut perdre, malgré la gauche. Rien n’a changé, malgré les tempêtes, les mimiques et les fausses transgressions. Camp contre camp, une chance sur deux, est-ce suffisant pour s’aimer?

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