TOUT EST DIT

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dimanche 15 novembre 2009

Distribution d'argent : le coup de pub dégénère

Un coup de pub organisé par une société internet qui voulait distribuer de l'argent près de la Tour Eiffel de Paris a dégénéré à la suite de l'annulation de l'événement. Ce qui a engendré la colère de milliers de personnes massées sur les lieux.

Déçus par l'annulation, de nombreux jeunes ont violemment protesté. Un véhicule a été vandalisé, des projectiles lancés contre des policiers et un photographe roué de coups. La police a procédé à une dizaine d'interpellations et neuf personnes ont été placées en garde à vue.
Le ministère de l'Intérieur a annoncé qu'il allait porter plainte contre l'organisateur, qui n'avait pas reçu l'aval des autorités.
Selon la Préfecture de police, jusqu'à 7.000 personnes étaient présentes sur les lieux vers 12h30, au plus fort de l'événement.
La société de droit belge Rentabiliweb avait décidé de distribuer 40.000 euros environ. A grand renfort de publicités sur internet et dans les médias, le groupe avait annoncé dès octobre qu'il prévoyait de répartir cette somme dans cinq mille bourses contenant chacune un tract et un billet de banque d'une valeur comprise entre 5 et 500 euros.
Des centaines de personnes, dont beaucoup de jeunes, faisaient déjà le pied de grue dès 6h place Joffre (Paris VIIe), lieu prévu de l'événement, à quelques mètres de la Tour Eiffel. Malgré le froid et la pluie, elles avaient fait le déplacement en famille ou entre amis et venaient en majorité de la banlieue parisienne.
« Nous voulons l'oseille, la tune », a lancé Mounir, 18 ans, arrivé vers 7h d'Aubervilliers avec « cinq potes ». « Je ne crois plus au Père Noël mais un petit billet de 100 euros ne ferait pas de mal », a renchéri Françoise, la cinquantaine, au chômage depuis un an.

« C'est des enfoirés, ils se sont moqué
de nous. C'est scandaleux ! »

Seule une cinquantaine d'agents de sécurité avait été engagée. Des barrières métalliques avaient été installées, mais ont été aussitôt enjambées par la foule, créant de légères bousculades.
Dès 11h, la décision était prise d'annuler l'opération. « Suite à des troubles majeurs à la circulation dans le secteur Champ de Mars et d'importants mouvements de foule, la Préfecture de police de Paris a demandé à l'organisateur (...) de ne pas procéder à la distribution d'argent », a expliqué la Préfecture de police.
Le président de Rentabiliweb Jean-Baptiste Descroix-Vernier, a annoncé qu'il « reversera l'intégralité de la somme qui était prévue (dans le cadre du budget publicitaire, ndlr) au Secours populaire ».
« C'est des enfoirés, ils se sont moqué de nous. C'est scandaleux ! », ne décolérait pas Abdel, la trentaine, venu des Yvelines.
De son côté, Gérard, un Parisien d'une quarantaine d'années, « (se) demande si finalement ce n'était pas un canular ». « Ce qui est sûr, c'est qu'ils se sont fait une grosse pub ».
Vers 15h les derniers badauds s'étaient dispersés dans le calme.
La maire UMP du VIIe Rachida Dati a condamné une « provocation irresponsable et inacceptable » et a « demandé au maire de Paris de prendre ses responsabilités et de porter plainte contre la société organisatrice, responsable de ces débordements de violence inacceptables ».
Le coup de pub de la société internet empruntait aux nouveaux courants de marketing alternatifs en vogue tels que la « guérilla marketing » ou le « street marketing ».

Le ministère de l'Intérieur va porter plainte

«On est en manque d'argent», expliquait Mounir, interrogé par l'AFP. «Ce serait scandaleux s'ils ne le distribuaient pas, ça fout la rage s'il n'y pas de billets». «S'ils annulent, on casse tout» mettait en garde un autre jeune homme présent sur les lieux, au micro de France Info. «Tous les crève-la-faim sont réunis ici, si je vois quelqu'un avec un billet, je ne pourrai pas m'empêcher de l'agresser», révélait, avant l'annulation, un autre passant.

Le ministère de l'Intérieur a anoncé son intention de «déposer plainte» contre l'organisateur, selon la Préfecture de Police (PP) de Paris. La maire UMP du 7e arrondissement de Paris, Rachida Dati, a demandé de son côté au maire de la capitale, Bertrand Delanoë, de «porter plainte». Le maire de Paris s'est dit «surpris de cette demande,» puisqu'à Paris, «la sanction des troubles à l'ordre public relève du préfet de police» a-t-il rappelé.

Pour piloter cette distribution d'argent controversée, Rentabiliweb avait fait appel à trois agences de communication et à Stéphane Boukris. Un jeune diplômé d'une école de commerce habitué des polémiques. En mars dernier, il avait provoqué un tollé parmi les parents d'élèves et les enseignants en lançant l'éphémère Faismesdevoirs.com, qui proposait aux élèves de faire leur travail à leur place moyennant une rétribution minimum de 5 euros… et jusqu'à 80 euros pour un exposé complexe. Mailorama.fr, le site que devait promouvoir cette action, compte plus d'un million d'inscrits et est spécialisé dans le «cash back» (remboursement d'argent). L' activité consiste à rétribuer les internautes qui effectuent des achats en ligne chez ses partenaires, en leur reversant une petite partie de la somme déboursée.

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