La presse internationale était unanime samedi pour souligner le caractère exceptionnel du renvoi de l'ancien chef d'Etat français Jacques Chirac, de surcroit populaire, devant la justice dans un dossier d'emplois fictifs du temps où il était maire de Paris.
"Il faut remonter très loin dans l'histoire pour trouver des précédents", relève le journal italien La Repubblica qui cite Louis XVI, guillotiné en 1793 et Philippe Pétain, condamné à mort pour haute trahison en 1945. "Depuis ces chapitres tragiques, aucun autre ex-chef d'Etat n'a comparu devant un tribunal français. Ce qui fait de l'affaire Chirac une exception", souligne le journal.
"Un développement sans précédent qui écrit une nouvelle page de l'Histoire" renchérit le quotidien britannique The Independent.
"Du jamais vu sous la Vème République", commente de son côté le journal suisse Le Temps, tout en remarquant que M. Chirac "est frappé alors même qu'il connaît un saisissant retour affectif auprès des Français".
"Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République un ex-chef d'Etat français devra s'asseoir sur le banc des accusés (...) Sur le point de publier son autobiographie, il n'aura pas le temps d'inclure l'ignominie que représente le fait de devenir le premier ex-président de la République française contemporaine jugé par un tribunal", souligne l'espagnol El Mundo.
"S'il en vient à être jugé, M. Chirac sera le premier chef d'Etat français à devoir répondre à une accusation de corruption, conclusion humiliante d'une carrière de plus de 30 ans", écrit pour sa part le New York Times qui rappelle que M. Chirac encourt 10 ans de prison et une amende de 210.000 dollars.
A Berlin, le Tagesspiegel évoque une "première judiciaire".
En Allemagne, comme en Italie, en Algérie ou en Grande-Bretagne, l'événement est considéré d'autant plus exceptionnel qu'il est mis en contraste avec la popularité de l'ancien chef d'Etat.
"Le grand-père de la nation au bord du gouffre", souligne le Frankfurter Rundschau, une image reprise par le Berliner Zeitung qui en profite pour le comparer à Nicolas Sarkozy: "Il est honoré comme une sorte de grand-père de la nation, et beaucoup de Français lui reconnaissent une dignité d'homme d'Etat, qui manque tant à son très dynamique successeur Sarkozy".
"Après avoir battu un record de longévité politique et de popularité, Jacques Chirac conquiert le titre peu édifiant d'être l'unique président de la République français renvoyé devant la justice", écrit le Corriere della Sera tandis que l'Algérien El Watan s'exclame: "Suprême injure pour un gaulliste pur et dur adulé par 76% des Français malgré ses casseroles".
Le Times de Londres écrit lui "si Chirac se retrouve devant le tribunal, les accusations à son égard ne représenteront qu'une fraction des allégations, souvent épouvantables, qui ont émergé de son règne de 18 ans en tant que premier maire de Paris depuis le 19e siècle (...) Mais il bénéficie de l'affection de son pays en tant que chef d'Etat affable et âgé et il a toujours réussi à +passer entre les gouttes+".
Un dilemme que le belge Le Soir résoud ainsi: "Quel que soit le bilan politique de Jacques Chirac, quelle que soit la sympathie qu'il inspire désormais a l'opinion, il doit être jugé".
samedi 31 octobre 2009
Ce que pense la presse internationale de l'affaire Chirac
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