TOUT EST DIT

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jeudi 14 mai 2009

CRÊPAGE DE CHIGNON

Rien ne semble arrêter les échanges véhéments entre la Garde des Sceaux et sa prédécesseure. La socialiste accuse mercredi soir Dati d'avoir «proféré des mensonges».

L'échange d'amabilités continue entre Elisabeth Guigou et Rachida Dati. Mardi soir, l'actuelle Garde des Sceaux avait publié deux communiqués successifs répondant vertement à sa prédécesseure du gouvernement Jospin. Cette dernière s'en est récemment pris à elle dans plusieurs médias.

Sur Europe 1, Elisabeth Guigou n'avait pas mâché ses mots mardi, expliquant que Rachida Dati avait «gâché toutes ses chances» au ministère de la Justice, par «désinvolture», «autoritarisme» et «incompétence». Selon elle, la Garde des Sceaux sortante «n'a pas assez travaillé. Elle n'est plus à son ministère, ou quasiment plus. J'avais beaucoup de sympathie et d'estime pour elle, c'est fini».

La réponse de la ministre de la Justice, dans la soirée, était du même acabit. Dénonçant le bilan d'Elisabeth Guigou entre 1997 et 2002, elle expliquait pêle-mêle que cette dernière (sous Jospin) détenait un «taux record de délinquance +17%; des taux records de suicide en détention (125 suicides en 1999), et de mineurs incarcérés (975 en juillet 1999 contre 698 en avril 2009), un taux inacceptable de détention provisoire, le taux record de fermetures de places de prison sans nouvelles ouvertures (497 places fermées contre près de 9.000 places créées entre mai 2007 et 2009)».

Dans un second communiqué, envoyé quelques minutes à peine et ne comportant que quelques lignes, Rachida Dati ajoutait «Compte tenu de l'intelligence de Mme Guigou, celle-ci devrait déroger au principe archaïque selon lequel tout prédécesseur mésestime ses successeurs».

Guigou fustige «l'arrogance» de Dati

Ces deux communiqués, diffusés sur le site du ministère de la Justice, mais aussi via l'intranet de la place Vendôme, avait provoqué l'ire de l'Union Syndicale des Magistrats (USM, classé à gauche), qui avait dénoncé l'usage «inacceptable» des services ministériels à des fins de pure politique.

Mercredi soir, Elisabeth Guigou remet le couvert. Dans un nouveau communiqué, elle accuse Rachida Dati d'avoir «osé proférer deux mensonges» dans ses accusations à son encontre. Selon elle, ses services ont bien lancé entre 1997 et 2002 un programme de construction de six nouveaux établissements» pénitentiaires, et mis en place un «projet de réhabilitation» dans six grandes maisons d'arrêt.

Autre «mensonge», selon Guigou : la surpopulation des prisons à l'époque de son ministère. Selon elle, la population carcérale sous le gouvernement Jospin était passée de «55.284 détenus en 1997 à 47.682 en 2001, pour 50.000 places disponibles».

Et la socialiste de conclure, dans le même ton que les échanges précédents entre les deux femmes : «L'arrogance avec laquelle Madame Dati répète ses mensonges témoigne de son mépris de l'Assemblée nationale et montre à quel point elle est à court d'arguments pour masquer ses échecs».

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