TOUT EST DIT

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lundi 14 juillet 2014

Enquête : Ces “petits pois” qui traquent Sarkozy

Les affaires qui cernent l’ancien président révèlent à la fois l’impunité et la politisation de magistrats qui ne rendent plus la justice “au nom du peuple français”, mais au nom de leurs convictions. Enquête sur la faillite d’un système.
« Vilipender la justice » est devenu, depuis la mise en garde péremptoire d’Alain Juppé, un sport défendu. Soutenu par le président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré, applaudi par le ministre des Finances Michel Sapin, l’ex-premier ministre ne pouvait fournir une meilleure arme aux adversaires de l’ancien chef de l’État, placé en garde à vue puis mis en examen pour “recel de violation du secret professionnel” (lire page 14), “trafic d’influence actif” et “corruption active”. Interdiction, dès lors, de dénoncer ces chefs d’accusation « grotesques », comme l’a fait Nicolas Sarkozy. Impossible de s’insurger contre l’orchestration des affaires, systématiquement relancées dès que l’ancien président fait un pas supplémentaire vers son retour en politique. Inutile de s’attaquer au cabinet noir de l’Élysée (lire ci-dessous), fer de lance de ces manoeuvres politico-judiciaires. Défense de dénoncer, comme le fait Henri Guaino, ce « chaos judiciaire, antichambre du chaos institutionnel et du chaos démocratique ». Prière de ne pas s’élever contre les mises en garde de François Hollande, qui serine la sacro-sainte « indépendance de la justice », jamais aussi “indépendante” que lorsqu’elle partage l’idéologie du pouvoir ; contre la « politisation des juges », dont Manuel Valls assure qu’elle n’est « pas un problème » ; contre les leçons de morale de Christiane Taubira, pourtant convaincue de mensonge en mars 2014, au sujet des écoutes de Nicolas Sarkozy dont elle niait avoir eu connaissance.
La loi de gauche
Prière de se plier aux caprices du Syndicat de la magistrature, dont la présidente, Françoise Martres, mise en examen pour “injure publique” dans l’affaire du “mur des cons” — aucun des membres du Syndicat n’a exprimé son regret qu’un tel scandale ait pu déshonorer la justice —, accuse Sarkozy de « jeter le discrédit »sur les juges !
« Pour être respecté, il faut être respectable », assène l’ex-plume élyséenne Henri Guaino. Parce que toutes les affaires judiciaires entourant Nicolas Sarkozy et faisant peser une épée de Damoclès sur la perspective de son retour sont instruites par des juges par nature faillibles, Valeurs actuelles a enquêté sur le profil de ces justiciers qui échappent aujourd’hui à tout contrôle. Censés instruire “à charge et à décharge”, ils illustrent aujourd’hui la terrible maxime de François Mauriac : « La vengeance déguisée en justice, c’est notre plus affreuse grimace. »
Guillaume Daïeff, la tête brûlée
Méconnu du grand public, Guillaume Daïeff est diplômé de Sciences Po, titulaire d’une maîtrise sur “Claudel diplomate et poète” en 1991, mais ne jouit pas de la même réputation de diplomate que le dramaturge. Ce juge du pôle financier instruit, avec son confrère Serge Tournaire et Claire Thépaut, l’affaire Tapie, et opte pour l’“escroquerie en bande organisée”. Membre de l’Association française des magistrats instructeurs, Daïeff s’est opposé, en 2009, à la volonté de Nicolas Sarkozy de supprimer le juge d’instruction afin de défendre l’indépendance des juges face à un parquet « aux ordres de l’exécutif » ! En mai 2013, une affaire ternit cependant sa réputation : alors qu’il met en examen un homme soupçonné de fraude à la taxe carbone, l’avocat, qui épluche le dossier de son client, tombe par hasard sur un e-mail imprimé, envoyé (par erreur) par Daïeff au magistrat du parquet : « Une bonne petite garde à vue suivie d’une comparution de la fille, bref un bel exemple, serait, je pense, du meilleur effet en milieu carcéral, mais comme dirait ma fille, j’dis ça, j’dis rien… »
Jean-Michel Gentil, le mal nommé
Parmi les magistrats chargés d’enquêter sur Nicolas Sarkozy, il est le vilain petit canard. Celui qui a échoué à faire condamner l’ancien président de la République dans un dossier dont les médias faisaient leurs choux gras : l’affaire Bettencourt. Mars 2013. Jean-Michel Gentil convoque deux fois Nicolas Sarkozy à Bordeaux pour vingt-deux heures d’interrogatoire au total. Ce jour-là, Nicolas Sarkozy affiche la mine des jours sombres et sort des bureaux du juge Gentil avec une mise en examen pour “abus de faiblesse”. La condamnation médiatique, elle, est déjà prononcée. Très vite, pourtant, on apprend que le juge Gentil a commandé l’expertise permettant de conclure à cet abus de faiblesse à une amie, témoin de son mariage, grassement payée de surcroît. L’avocat général près la Cour de cassation demande son dessaisissement en raison de « doutes objectifs sur son impartialité ». Avant le camouflet, Gentil, qui est aussi connu pour avoir signé dans le Monde, en juin 2012, une tribune hostile à la politique de Sarkozy, doit prononcer un non-lieu en faveur de l’ancien président pour insuffisance de preuves. Henri Guaino, qui l’avait accusé de « déshonorer la justice », est mis en examen pour “outrage à magistrat”. Gentil, lui, vient d’être promu premier vice-président au tribunal de Lille…
Claire Thépaut, l’“ennemie personnelle”
Attaquée pour son manque d’impartialité depuis la garde à vue et la mise en examen de Nicolas Sarkozy, la juge Thépaut, diplômée de Sciences Po Paris, 42 ans, instruit l’affaire de trafic d’influence issue des écoutes de Nicolas Sarkozy. Juge d’instruction, de 2002 à 2007, au tribunal de Bobigny, réputée être parmi les plus laxistes de France, elle instruit le dossier du Mediator avant de s’attaquer aux “affaires”. Classée à gauche, ne s’en cachant pas, Claire Thépaut avait même expliqué à Mediapart, le 8 mai 2012, qu’elle aspirait « à retrouver du calme, de la sérénité et de la confiance » pour la justice, dénonçant la politique judiciaire mise en place entre 2007 et 2012… Décrite par le journaliste Jean-Jérôme Bertolus comme une « ennemie personnelle de Nicolas Sarkozy »...Lire la suite...

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