TOUT EST DIT

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lundi 14 juillet 2014

Cicatrices

Hier, on détruisait nos paysages au nom du “progrès”. Aujourd’hui, c’est pour “sauver la planète”.
C’était l’émission phare des années Pompidou. Avec la France défigurée, l’ORTF, pourtant réputé “à la botte du pouvoir”, dénonçait, chaque mois, les dégâts de l’expansion. Du bétonnage du littoral à l’invasion des déchets, l’émission de Michel Péricard fut à l’origine d’une prise de conscience salutaire qui évita que les choses n’empirent et permit, souvent, d’empêcher l’irréparable.
Quarante ans après, l’invasion du ciment a repris de plus belle, sous la forme, notamment, d’un urbanisme commercial transformant la périphérie de nos villes en un labyrinthe de ronds-points et de parkings où, passé 20 heures, l’homme n’a plus sa place. Mais voici qu’un autre cancer s’attaque à nos paysages : celui des éoliennes, censées fournir de l’énergie “propre”, qui, au nom de ce beau principe, rend des portions entières du territoire français non seulement hideuses mais invivables…
C’est à ce double scandale que s’attaque cette semaine Valeurs actuelles, en soulignant combien ce qui était impardonnable hier est devenu cynique aujourd’hui : aurait-on davantage le droit de défigurer la France au nom de l’écologie (objectif qui reste à démontrer, vu la part infime de l’éolien dans le bilan énergétique français) qu’au nom de la modernité ?
Comme l’a démontré le grand géographe Jean-Robert Pitte (dans son essai le Génie des lieux, paru aux éditions du CNRS), l’homme n’a jamais modifié le paysage que pour… l’humaniser. Tout se passe comme si, soudain, peu importait de le déshumaniser.

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