TOUT EST DIT

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samedi 21 juin 2014

La cité des poètes disparus

La cité des poètes disparus

Ceci n'est pas un fait-divers. C'est un fait de société qui en dit long de la pente dangereuse sur laquelle glisse notre pays malade de ses valeurs, gangrené par son incapacité à sortir de la crise. Par son manque de courage, par l'inefficacité chronique de ses politiques publiques, la classe dirigeante laisse depuis trente ans dériver la France vers des tentations extrêmes tellement contraires à nos valeurs de solidarité et de justice. Qu'a-t-on fait de l'esprit universel des Lumières qui a inspiré tant de progrès de la condition humaine ? Pourrons-nous encore prétendre que nous sommes les inventeurs des Droits de l'homme sans rougir de honte quand, dans un chariot de supermarché, on retrouve un adolescent laissé pour mort par une bande de gosses tellement en marge de la loi commune que la violence est leur seul moyen d'expression ?
Quelque chose s'est pourri dans notre État de droit où l'on ne fait plus face aux expéditions punitives que par les mots insignifiants. Toujours les mêmes mots depuis les rodomontades de Charles Pasqua, les coups de menton de Nicolas Sarkozy, les outrances de Le Pen, les expulsions de camps par Manuel Valls dans la droite ligne du discours de Grenoble.
La longue liste des méfaits commis par les Roms et les gens du voyage ne peut pas justifier la déliquescence haineuse du débat national qui remet au premier plan les thématiques de l'extrême droite. Rom ou pas, la dignité interdit les actes et les propos au remugle pétainiste. Bien des pays ont des problèmes d'immigration. Le chômage en est la cause plus que « la confrontation des modes de vie » derrière laquelle s'abritait Valls ministre de l'Intérieur. On insulte l'avenir quand, à cause des agissements de minorités, on stigmatise toute une population instrumentalisée à des fins politiques et déjà traumatisée par la précarité et la déscolarisation.
Dans la si mal nommée cité des poètes, cette ratonnade anti-rom ressemble hélas à celles soutenues par la socialiste Samia Ghali à Marseille, par Bourdouleix, le nostalgique du nazisme et par toute une indicible fournée de racistes. Faut-il encore convaincre de l'urgence d'un discours fort de nos autorités pour rétablir enfin les valeurs de la République ?

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